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Paris, le club Breton, la suivit, et ses organisateurs choisirent pour lieu de rendez-vous le vaste bâtiment d’un ancien couvent de religieux de Fordre des Jacobins, situé dans la rue SaintHonoré. L’emplacement de ce couvent, depuis longtemps détruit, est occupé aujourd’hui par les constructions du marché Saint-Honoré. Le peuple se rendait en foule aux séances de l’ancien club Breton. Aussi vit-on bientôt ses premiers fondateurs éloignés parles clameurs populaires, pour laisser la piace à de fougueux orateurs, qui ouvrirent en quelque sorte une seconde assemblée délibérante à côté du Parlement national.

C’est alors qu’apparait vraiment le club des Jacobins. Son ) rôle politique commence. Il apour chef Robespierre ; pour membres assidus, les orateurs de opposition extrême pour auditeurs, la pièbe irritée, qui ira bientôt assister aux exécutions capitales de la Terreur. On y discute tout ; on y examine, avant qu’elles ne soient portées à l’ordre du jour de l’Assemblée. les lois nouvelles, les règlements d’administration. Les nominations de fonctionnaires y sont critiquées, contrôlées, repoussées ou amendées, et c’est en sortant du club des Jacobins que les sectaires de Robespierre iront faire entendre à la Chambre leurs terribles déclamations et leurs sanguinaires menaces.

Sous la Convention, le club des Jacobins devint un véritabic pouvoir. Ses membres formèrent une secte, un parti, et l’on ne désigna plus que sous le titre de Jacobins les démagogues les plus exaltés. Ce mot devint l’épithète jetée à la face de tous les complices du régime viol :ut qui, en renversant et en détruisant tout, fit tournoyer un moment la société française dans des flaques de sang. Mais, à la mort de Robespierre, le club des Jacobins se ressentit de la perte du héros de la démagogie. Ses séances n’offrirent plus d’intérêt. Ce fat le tour de ses membres de se cacher et de fuir. Les orateurs osèrent à peine se faire entendre le peuple n’entra qu’en tremblant sons les vieilles voûtes dont les échos avaient redit, après Ijs chants des veilles monacales, les plus terribles accents de la fureur révohitionnaire. Enfin, l’autorité songea à fermer i’.mcien quartier général du rival de Marat, et le 11 novembre 1794, les derniers udéles du club des Jacobins durent émigrer dans la modeste succursale que leurs amis avaient fondée au faubourg Saint-Antoine.

Ce club du faubourg le plus populeux de Paris maintint encore quelque temps dans le langage politique vulgaire l’épithéte de Yaeott’H. Mais le mot devait disparaître avec la chose, et ce n’est plus que comme un souvenir de ces temps de convulsion sociale qu’on l’applique encore, aujourd’hui, pour désigner les sectaires farouches des idées révolutionnaires les plus avancées. La langue politique a trouvé d’autres vocables qui disent mieux les passions des réformateurs contemporains.

Il y a lieu, toutefois, de reconnaître en faisant naturellement une large part à l’horreur qu’ils doivent inspirer, que le rôle des Jabobins a été un moment un grand rôle dans la Révolution. Si la comparaison était possible, nous dirions d’eux qu’ils furent comme ces robustes natures qui, d’un coup d’épaule, remettent sur la voie un char embourbé et l’entraînent rapidement en doublant la vitesse de sa marche. Mais si les Jacobins ont bâté le cours des réformes politiques, peu s’en est fallu un moment qu’ils ne renversassent de l’autre coté le char qu’ils avaient relevé, et que leurs excès ne détruisissent les bienfaits de leur première et énergique assistance. Dans tous les cas, ces excès resteront comme une tache surl"ur mémoire, et les doctrines trop longtemps professées par le club des Jacobins enléverout à jamais à ce parti de la Révolution les bénéfices que lui eussent assurés plus de réserve, plus de sagesse et plus de modération. Nous pensons devoir compléter ces renseignements sur les Jacobins, en mentionnant un autre club qui a aussi sa place dans l’histoire et qui flt contraste avec les orateurs de la rue Saint-Honoré, Nous voulons parler du club ~M feM’MaM~, où se réfugia le parti modéré, et qui eut pour membres principaux les Lamotte, les Lafayette et les Bailly.

Fondé au Pxiais-Royai, il s’était appelé tout d’abord la Société de 1789. II prit plus tard le nom de Club des fe :<t7/aK~, quand ’I dut se transporter, lui aussi, dans un ancien couvent situé prés des Tuileries, et désigné alors sous le titre de Couvent des Feuillants. Aux Jacobins, on dénonçait le club des Feuillants, en l’appelant « monarchique ». Il fut fermé après ie 10 août ; mais ses membres eurent longtemps à répondre de leurs relations antérieures, et beaucoup ont compté parmi les plus regrettables victimes de l’échafaud révolutionnaire. ERNEST DRÉOLLE.

COMPAREZ Révolution de 1789.

JAMBITES. Vers la fln du dix-septième siècie on a appelé ~sco&~M les partisans de Jacques Il, roi d’Angleterre, et plus tard ceux de son fus. Les Jacobites étaient attachés à la maison de Stuart, pour le principe d’hérédité qu’cHc représentait, et repoussaient de toutes leurs forces l’ordre de choses consacré en Angleterre par la Constitution de 1G88.

Les Jacobites firent de vains efforts pour renverser le successeur de Guillaume 111, ils avaient des partisans sccrets jusque dans la cour de la reine Anne ; mais leur nombre alla en diminuant, et ils s’éteignirent à peu près avec le dix-huitième siècle.

En France, les émigrations jacobites des dix-septième et dix-huitième siècles ont laissé des traces dans les noms de plusieurs familles devenues célèbres à divers titres Berwick, Ditton, Fitz-James, Hamilton, LoIIy, Macdonald, etc., etc.

Ou a aussi donné le nom de Jacobites à une secte religieuse de l’Orient, qui eut pour chef Jacob Baradai ou Zanzole, éveque d’Edesse, en 341, et qui s’est continuée jusqu’à nos jours dans diverses parties de l’Asie et en Afrique, particulièrement en Syrie et en Arménie, mais