Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/159

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Du reste, il faut bien le dire, l’histoire des doctrines théologiques, philosophiques et morales des Jésuites est encore à faire par un esprit impartial ; on a étudié avec beaucoup plus de soin leur histoire politique. Agir sur la société et, pouragir sur la société, agir sur ses chefs tel fut le but constant et manifeste de la compagnie. Ce but, considéré eu lui-même, n’a rien d’csscntiellemeni répréhcnsible mais comme au dix-septième etau dix-huitième siècje, la politique ne produisit guère que de misérables intrigues, les Jésuites furent fatalement conduits à se méier à ses complications tortueuses, beaucoup ptusque !’Ëvangi)eetmême la simple loyauté ne le permctfcut. En France, en Portugal, en Espagne, en Autriche, à Xapics, en Angleterre, on les trouve partout, ourdissant les cabales, quelquefois les complots, alliés ou adversaires des maltresses ou des ministres, dépourvus de tout sentiment supérieur, cherchant le bien des hommes, muis ne voyant le bien des hommes qu’à travers l’Église, et ne voyant le salut de l’Egiise que dans le triomphe de leur propre corporation. Ce triomphe Unit par dcvenir leur but suprême tout le reste leur parait indifférent. Aussi dans cette multitude de conflits politiques où ils s’engagent, on ne les voit apporter aucuue théorie déterminée. Tantôt ultra-démocrates, comme pendant la Ligue, tantôt uitra-monarcbistes, comme en Espagne, sous Philippe H, tantôt même gallicans, ils acceptent toutes les victoires, ils abandonnent tour à tour toutes les causes vaincues et cela non par ambition personnelle, car la plupart de leurs hommes les plus favorisés de la fortune ont vécu simplement et presque aus~érement, mais parce que le principe d’a :<<<M-~<’ renfermait à leurs yeux la politique, la morale et la religion elleméme. Ainsi, an milieu du dix-huitième siècle iis se trouvaient avoir successivement, dans tous les États de l’Europe, trahi tous les partis. La haine contre leurs maximes et surtout contre leurs intrigues était universelle. C’est à cette haine qu’il faut attribuer leur expulsion. Pombal les bannit du Portugal en n&9. Charles Ht les bannit d’Espagne en n63. Louis X,V les bannit de France en 1764. Sans doute ces diverses mesures d’expulsion turent inspirées aux gouvernements par des mobiles très-divers et quelques-uns des moins honorables mais elles furent accueillies avec faveur par un public qui, habitué à des ordres arbitraires du pouvoir, voyait sans peine que ceux qui les avaient tant sollicités contre leurs adversaires en fussent victimes à leur tour. Les violences contre la compagnie de Loyola semblèrent à la foule un dédommagement des violences commises, à son instigation, contre Port-Royal. Enfin la papauté elle-même se prononça. Quelques apologistes maladroits des Jésuites ont soutenu que Clément XIV ne les supprima que par une complaisance coupable pour des souverains qui avaient aidé u son élection. Le Père Theiner, dans un ouvrage remarquable, a réfuté pleinement cette calomnie. Jamais instruction judiciaire et religieuse ne fut faite avec plus de soin, avec plus de calme, avec plus d’impartialité que celle qui précéda et motiva le bref de Clément XIV. Du reste, ce n’est pas seulement ce pape qui s’était senti alarmé de la puissance et des déviations religieuses de la compagnie. Lui-même rappelle, dans son bref de suppression, les efforts que la plupart de ses prédécesseurs avaient cru devoir faire pour la ramener dans une voie plus droite. Si l’on veut bien y réfléc))ir, on tronvera que l’idée même qui présida à la naissance de cette singulière institution, devait ia mettre un jour ou l’autre en conflit avec l’Église. Un corps immense et enrégimenté au profit exclusif d’un esprit de conservation aveugle, un corps où l’on érige en dogme l’obéissance passive, est un élément nécessaire de désorganisation et de ruine pour toute société, et à plus forte raison pour uue société toute spirituelle, pour une société qui adhère à Dtvaugilc. Voilà pourquoi les Jésnites ayant acquis au dix-huitième siècle uneforceincomparable, tous les éléments de la société ci)rÈtiennc éprouvèrent instinctivement le besoin de réagir contre une force qui les menacait dans leur existence. Clément XIV a agi conformément aux intérêts les plus essentiels de )’Eglise il a agi comme devait agir plus tard le sultan, qui a supprimé les janissaires, (~oy. ce mot et StréIitz,MameIoul !5.) Lorsqu’une armée fortement organisée prend dans 1 Etat une prépondérance excessive, il faut qu’elle soit détruite ou que i’Ëtat périsse dans l’anarchie. La Compagnie de Jésus a été rétablie par le pape Pie VII ; mais si elle a retrouvé dans une certaine mesure son influence sur lesindividus, l’organisation des Etats modernes ne lui permet guère d’exercer une action sensible sur la politique 1. FMDÈMcMoMN.

JEUNESSE. Voy. Écoles.

JOHN BPLL (Jean le Taureau). Expression familière par laquelle on désigne le peuple anglais. Les uns en font remonter l’origine à un pamphlet, intitulé a History of John .B«N, de John Arbuthnot (mort en 1735), les autres en attribuent la création à Swift, mais il nous semble que ce nom caractéristique date de plus loin.

Quoi qu’il en soit, il est accepté par les Anglais, qui le prennent comme le symbole de leur solidité, de leur droiture, de leur force, et même de leur bien-être il est usité aussi à l’étranger pour désigner le manque de souplesse et de sociabilité, voire même l’impolitesse des tHs d’Albion.

JONATHAN (le frère). C’est le nom qu’on 1. Son influence a diminué, eUeachangé d’objet, mais elle existe. EUe ne s’exerce plus aur les cours on les prmcea. mais sur le clergé et, par le clergé, Mtr te. peuple. Aussi plasieïlfa pays ont-îls maintenu FexchMion de.’ Jésnites. L’AttemttgneTt pris contre e<Et, à. tort on à raison, ries mesures &MrtMnes sn 18H. C’est aux Jésaitea qu’on attribue l’idée dn connue instituant l’inMtHbilite dn pape avec tous tes maux quis’enjHlivent. NEtB.