Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/169

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dèle sur l’Angleterre ou sur la France. Si notre pays ne peut revendiquer le mérite d’avoir donné le premier modèle dn jury, il peut du moins se vanter d’en avoir vulgarisé le principe. Tant que l’Angleterre a été seule à le posséder, toutes les nations ont conservé leur ancienne organisation. Depuis que cette institution a été adoptée en France, elle s’est répandue sur la face du monde. Le jury existe en Belgique depuis que cette nation a été constituée. Il existe en Suisse pour les crimes commis contre la Confédération. Quant aux crimes particuliers, chaque canton a une organisatiou judiciaire qui lui est propre. Le canton de Genève est un de ceux où le jury a été établi. Le jury existe en Italie, en Espagne, en Portugal, en Grèce, au Brésil, dans toutes les colonies anglaises, aux États-Unis ; le rôle important joué par le jury dans la constitution de ce pays doit être étudié dans le livre de Tocqueville, De la Démocratie en AMM’t~Me. En Allemagne, enfin, le jury a été longtemps vu avec pen de faveur ; on lui attribuait un caractère révolutionnaire. Pen à peu, cependant, les travaux de quelques hommes éminents. le bon sens public, l’exemple des provinces rhénanes où le jury avait survécu à la conquête française, ont fait disparaître ou diminué ces préjugés. Le Congrès des Germanistes, tenu à Lubeck en 1847, où siégeaient les jurisconsultes les plus distingués, émettait le vœu de voir le jury établi en Allemagne. Ce voen a été réalisé en 1848 et si l’on parle de nouveau de le modifier, c’est plutôt dans son mode de fonctionnement que dans son principe. GASTON DE BOURGE.

COMPABEZ Organisation judiciaire. JOSTE MILIEU. Ces mots ont été récemment usités pour désigner sans autre explication le système d’un gouvernement dont le chef avait dit au commencement de son règne < Nous tâcherons de nous tenir dans un juste K :eK entre les abus du pouvoir royal et les excès du pouvoir populaire. Plus tard, la politique de ce gouvernement a été déûnie par un de ses organes les plus autorisés une politique libérale et mo<<<Me. Depuis lors, ces qualifications ne lui ont pas été disputées d’une manière générale. Personne n’a soutenu que ce fût te gouvernement des excès. Cependant, comme du temps même où il existait, il a été accusé d’exagérer ses propres principes, comme sa manière de pratiquer la modération, de se placer à distance du despotisme et de la licence, a été contestée par des esprits opposés eux-mêmes à tous les extrêmes, il faut que tes mots de milieu, d’excès, d’e.f~’e’m !~ N’aient pas un sens nxe et constant, et que ce soient, pour ainsi parler, des grandeurs variables. En deux mots, et sans craindre de citer des noms propres, M. Guizot, 51. Thiers, M. Odilon Barrot, ne sont pas des esprits extrêmes, et cependant chacun d’eux, maltre de poser à son gré le point- d’appui du gouvernement, ne e l’aurait pas mis à la même place, ’ous cependant auraient entendu occuper un milieu entre tous les excès.

C’est qu’en effet la modération tant de l’esprit que du caractère est une qualité essentiellement relative, et le milieu est un point dont la position ne peut être déterminée que par cette des extrémités dont il occupe le centre. Il varie dans une ligne, à mesure qu’elle se prolonge dans un sens ou dans un autre. Cependant dès que les hommes ont commencé à réfléchir, ou seulement à observer, la nécessité d’éviter l’excès a été révéiée à leur raison par l’expérience. ~’eM de trop est une maxime que la tradition attribue à celui des sept sages qui fut le législateur d’Athènes, et Solon en avait apparemment fait une règle pour la politique comme pour la morale. Dn siècle après lui, on avait déjà découvert, selon Hérodote, la théorie du gouvernement mixte, c’està-dire qui ne réalise le pur type d’aucun gouvernement simple, et qui combine, dans une

certaine proportion, la monarchie, l’aristocratie et la démocratie. Toutes ces idées sont de celles qu’on peut appelermoyennes et qui sont restées dans le monde en vieille réputation de sagesse. Ce sont de ces axiomata media dont Bacon fait dépendre les choses et les fortunes humaines. (JVo~. Org., t04.)

Mais quelle que soit la valeur de ces maximes pratiques, il parait difucite de leur donner la forme et l’autorité d’un principe. On devrait croire qu’Aristote y a réussi, puisqu’il a le premier tenté d’étahtir en thèse ce qu’Horace exprime ainsi ~ !?’<M~ est mech’Mm ft’o~Mm. On connait cette théorie fameuse par laquelle l’auteur de l’Éthique à Nicomaque veut que, puisque nos facultés dépérissent par excès ou par défaut, le bien soit entre les extrêmes, et par conséquent la vertu, le courage ne soit qu’un milieu entre la témérité et la tacheté, la libéralité qu’un milieu entre la prodigalité et l’avarice. Mais quoiqu’il ait rattaché cette doctrine à une idée de l’infini et du fini, léguée par Pythagore à Platon, cette tentative de démonstration dialectique n’empêche pas qu’Anstote lui-même, forcé de répondre à cette question Où placer le milieu ? Qu’est en soi que la vertu ? est obligé d’en référer à la droite raison, qui devient alors la règle suprême et le. véritable principe. La doctrine d’Aristote se réduit ainsi à un conseil à peu près suffisant pour l’action, à cette vérité d’expérience, que la sagesse est ennemie des excès. La politique ne donne point en cela dedémentiâ la morale. L’histoire est remplie d’exemples qui prouvent à la fois combien cette maxime est sage, et à combien de duBeultés elle est sujette, si l’on prend le juste milieu pour l’expression définitive d’un principe. L’histoire condamne l’excessif dans tes institutions, le pouvoir absolu comme ia liberté illimitée ; elle n’absout pas plus le despotisme d’un seul que la tyrannie de tous. Dans la conduite des affaires, elle réprouve également l’extrême rigueur et t’extrême relâchement, J’audace qui risque tout et la circonspection que tout intimide. La difucuité commence lorsqu’on veut fixer pratiquement le point où s’applique le prê~ cepte :<ef M~’Mm~M~eMe. Les faits ne placent