Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

205

LIBRAIRIE. LIBRE ÉCHANGE.

LIBRAIRIE. Si les lettres et les sciences ont trouvé dans l’imprimerie nne mine inépuisable de fécondité et de puissance, il est juste de reconnaitre que c’est à la librairie qu’elles en sont redevables. La lumière est dans le nvre qui la répand dans le monde ? Le libraire. Aussi, parmi tous les genres de commerce, celui de la librairie apparait-il comme le plus relevé à cause de son afunité intime avec les intérêts moraux et intellectuels des nations. Et comme les choses influent naturellement sur les personnes, il est arrivé que la profession de libraire a été généralement exercée par des hommes instruits, quelquefois même d’une intelligence supérieure. Obligés d’initier aux besoins de leur époque et de contribuer à donner satisfaction à ses plus hautes et à ses plus nobles aspirations, ils devaient, dès 1 origine, se distinguer du commun des esprits. C’est ce qui a fait dire avec vérité "En prenac. le commerce de la librairie à sa source véritable, c’està-dire les premiers livres imprimés, on trouve que les premiers imprimeurs furent aussi les premiers libraires. C’étaient souvent des hommes plus préoccupés de donner leur nom à des oeuvres d’une belle exécution que de faire un commerce productif. Leurs essais furent d’ailleurs très-onéreux les perfectionnements qui marquèrent les premiers pas de la grande découverte et qui semblent sortir de travaux encore mystérieux sur plusieurs points, ne furent pas les seules causes des sacrifices qu’ils eurent à faire. Ils durent acheter à des prix très-éievés des manuscrits dont le texte était reconnu comme offrant le plus d’exactitude. Quels ne furent pas les soins infinis que durent prendre ces hommes distingues lori-que, pour la première fois, ils jetèrent au monde ces feuilles qui allaient rendre pour jamais impérissables les trésors de l’esprit humain ? Faust et Schœffer vendaient en France et surtout à Francfort les livres qu’ils avaient imprimés euxmêmes. Plus tard, sous l’influence du principe économique de la division du travail, les deux industries se séparèrent. L’imprimerie eut sa mission, la librairie eut la sienne ; J’nne crée le livre, l’autre le répand. Tout le monde conBatt la puissance qu’a acquise la corporation des libraires allemands l’importance que ce genre de commerce a contribué à donner aux foires de Leipzig les a fait appeler le marché de la pensée humaine.’

Le premier catalogue de librairie a été publié à Francfort, il comprenait une période de deux siècles (1564 à 1749). En même temps que Leipzig devenait la métropole de la librairie en Allemagne, Paris devenait la métropole de la librairie en France, et Londres et Édimbourg les métropoles de la librairie dans le Royaume-Uni. 1e

Constater l’accroissement dn’&~ce de la librairie, c’est constater l’accro~~etit du développement de l’esprit humain ? (~ si l’on compare les catalogues des foires de Leipzig de 1664 à )846, on trouve dans le premier 256 Bouvcaux livres et dans le second 1,086, différence qui donne une idée de l’intensité mtellectuelle de notre époque comparée au dixseptiéme siècle.

L’industrie de la librairie, par les immenses services qu’elle rend, mérite toute la faveur des gouvernements. Comment les gouvernements l’ont-il traitée ? C’est ce que nous allons rechercher en passant rapidement en revue la législation qu’ils out faite pour elle. En Frnuce le commerce de la librairie est principalement régi, comme celui de f’imprimerie, par le décret du 5 février i8t0 et par la loi du 2t octobre t8i4. modifié sur un point par le décret du 10 septembre t870. Avam cette date tout libraire était soumis au brevet c’est-à-dire ne pouvait exercer son industrie que sous le bon plaisir du gouvernement ; avant de se livrer aux actes de sou commerce, il devait prêter serment de ne vendre ni distribuer aucun ouvrage contraire aux devoirs envers le souverain ou envers l’État. (Décret du 5 février 1810. art 30.) Si ces dispositions n’existent plus, il reste encore certains règlements de police. Ainsi, les libraires ne doivent pas mettre en vente des livres sans nom et demeure de l’imprimeur, l’auteur fût-il connu, ce qui met à la charge des libraires l’obligation de veiller à l’exécution de la loi relative aux imprimeursà ne pas mettre en vente un livre publié à l’étran~r, lorsque son introduction n’a pas été autorisée par le ministère de l’intérieur ; à ne pas mettre en vente de livres, par la voie du colportage, s’ils ne sont préalablement estampiiiés, sous des peines très-sévères. (Loi du 27 juillet 1849.)

Une disposition commune aux libraires et aux imprimeurs se trouve écrite dans le décret du 7 germinal an XIII (29 mars )S05), et elle dispose que l’imprimeur ne peut imprimer et le libraire ne peut vendre des livres d’église, heures et prières, que d’après la permission des évêques diocésains, laquelle permission doit être textuellement rapportée et imprimée en tête de chaque exemplaire. La violation de cette défense est considérée comme contrefaçon et poursuivie conformément à la loi du )9ju ;:iet 793.

La tendance de la législation moderne est de délivrer de plus en plus la librairie de toute entrave ; à l’étranger il n’en existe presque plus. Lors même qu’on jugerait utile de soumettre la presse à quelques restrictions, il est évident que rien n’obligerait le gouvernement

!e plus conservateur à étendre ces restrictions 

à la librairie. Ce qui ne veut pas dire que nous recommandons de soumettre la presse à des restrictions. E. P.

COMPAREZ Colportage, Imprimerie, Presse. LIBRE ÉCHANGE. Cette formule est nouvelle dans notre langue’.Elle est ie synonyme 1. Elle ne date que de 1846, et nons avons petit-être été le premier &)’emp]oyer.EUee-t la traduction de free trade, mis en hoju]enr en Angleterre par la cë]ebre Ligue de Manchester, créée pour combattre les lois dites loh-céréates empêchant t’entrée dea bMs étranger.), et condcite <[ree ;=’ la jibené tjt~ére dit commerce. Elle a été vulgarisée par i’-A~ociation ponr la liberté des échanges formée en France & cette épo-