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MAHOMÉTISME.


quel les antres religions enveloppent leur berceau, celle-ci natt en pleine histoire ; ses racines sont à fleur de sol. La vie de Mahomet nous est aussi bien connue que celle des réformateurs du seizième siècle. On ne veut exposer ici que les principes fondamentaux de l’islamisne et les révolutions politiques ou sociales que cette religion a provoquées.

L’islamisme n’a vraiment que deux dogmes, l’naité de Dieu et le propbétisme de Mahomet. Mahomet n’est pas plus le fondateur du monothéisme que de la civilisation et de la littérature chez les Arabes. Le culte d’Allah suprême semble avoir toujours été le fond de la religion arabe. La race sémitique n’a jamais conçuie gouvernement del’univers que comme une monarchie absolue. De nombreuses superstitions entachées d’idoiâtde, qui variaient de tribu à tribu, avaient pourtant altéré, chez les Arabes, la pureté de la religion patriarcale et, en face de religions plus fortement organisées, tous les esprits éclairés de l’Arabie aspiraient à un culte meilleur. Au sixième siècle, cette contrée, jusque-là inaccessible, s’ouvre de toutes parts. Les Syriens y portèrent récriture, les Abyssins et les Persans règnent tour à tour dans l’Yémen et le Bahreln. Des tribus entières avaient embrassé le judaïsme ; le christianisme comptait des églises considérables à Nedjran, dans les royaumes de Hira et de Chassan. Une sorte de tolérance vague et de syncrétisme de toutes les religions finit par s’établir : les idées de Dieu unique, de paradis, de résurrection, de prophètes, se répandirent pen à peu, même chez les tribus païennes. La Caaba devint le panthéon de tons les cultes ; et quand Mahomet chassa les images de la maison sainte, au nombre des dieux expulsés était nne vierge byzantine, peinte snr une colonne, tenant son Bis entre ses bras.

Les cérémonies de la Caaba, les tournées processionneUes, les sacrifices dans la vallée de

Ufes, Abon-Beh, Omar, Othman, tandis que les Mhiites n’admettent que tes droits d’A]J et rejettent ta légitimité de toutes les dynasties qui se substituérent aux Alides. Mais cette division est au fond plus profonde. Les droits d’Ali ne furent qu’un prétexte avidement saisi par les porttonsles plusindépendantes de l’islam pour échapper A ce que le joug de la croyance orthodoxe avait pour eux d’insupportable. Les pays persans surtout embrassèrent avec ardeur le cnite d’Ati, qui leur fournissait une occasion pour haïr les Arabes, pour déverser sur eux la malédiction ~omrne coupables du meurtre de Hasaan et <e Hossein, et pour développer le c8té mystique et mythologique de l’imagination Iranienne. A y regarder de près, en effet, on reconnaît qu’un schUte n’est pasun vrai musnlman, an sens arabe et, si j’ose le dire, sémitique-D admet les images ; U se complaît dans une littérature épique, pleine des exploits de vieux héros païens, sorte de demi-dieax ; la légende de Mahomet, teUe qu’il ta raconte, ressemble bien plus à un poëme jtriehnatte de l’Inde qn’à l’histoire d’un prophète envoyé de Dieu. Dans l’avenir, cette différence ne fera pans doute que se marquer de plus en plus. C’est dans ïe sein dn monde sehfiteqne pullulent les sectes empreintes de sounsme, dont le fond est une incrédulité panthéiste se résumant en ces mots Certes, nous venons de Dieu, et nons retournons t lut. On a remarqué depuis longtemps que la Perse n’est pas sérieusement musulmane sous le manteau de J’hypoerMe omeielle, presque toutï*ersan cache une attache sectaire, une pensée secréte, qui n’a nnUement sa sonree dan. le Coran.

Mina (la croyance au purgatoire Arafat), étaient Bxés dans tous leurs détails bien avant Mahomet. Le prophète ne flt que consacrer ces anciens usages et leur donner une sanction par la promulgation ferme du dogme des peines et des récompenses futures. Le symbole de l’islamisme, au moins avant l’invasion, relativement moderne, des subtilités théologiques, dépasse à peine les données lesplus simples de la religion naturelle. U n’y a d’autre Dieu que Dien, et Mahomet est son prophète. Voilà tout le dogme musulman.

L’islamisme étant la moins mystique des religions, c’est surtout dans l’ordre civil et poJttique qu’il faut étudier son influence. En ce qui concerne l’Arabie, la nouvelle législation était un progrès. Certes, rien n’égale le charme de cette société que nous présentent le X !’AM ~-j~m et les poésies anté-isJamiques jamais la vie humaine ne fut pour quelques-uns plus libre, plus gaie, plus noble. Mais c’était une épouvantable anarchie. Le faible, l’enfant, la femme étaient à peine garantis. Bien qu’il y eût alors en Arabie des femmes maîtresses d’ellesmêmes, choisissant leur mari, et ayant le droit de le congédier, quand bon leur semblait, nulle idée d’une égalité de droits n’existait. Mahomet étaMit le droit des femmes à la succession de leurs parents, restreignit la polygamie, représenta même la monogamie comme un état agréable à Dieu. Il recommanda l’humanité envers les esclaves, conseilla de les affranchir, et abolit une foule d’usages inhumains. Il voulut que chaque fidèle consacrât à l’aumône le dixième de ses biens.

Le Coran est devenu lc texte et la source unique de ce droit nouveau. C’est à la fois un livre de théologie, un code civil, un répertoire de droit canonique. On aperçoit dès à présent cette conséquence fatale que, dans l’islamisme, le droit civil ne pourra jamais se séparer de la religion. Nul ordre, nul plan méthodique ne présida à la rédaction de ce livre fondamental. Le Coran est le recueil des prédications et des ordres du jour de Mahomet. Rien de plus disparate, de plus contradictoire. Connées d’abord à la mémoire, les Surates (c’est le nom qu’on donne aux chapitres du Coran) furent recueUJies sous le khalifat d’Abou-Bekr, et subirent une seconde recension sons celui d’Othman. Cette édition est arrivée jusqu’à nous sans variantes bien essentielles.

ll ne semble pas que Mahomet ait rien vn au delà de l’horizon de l’Arabie, ni qu’il ait songé que sa religion pût convenir à d’autres qu’aux Arabes. Le principe conquérant de l’islamisme, cette pensée que le monde doit devenir musnJman,para)t avoir été une pensée d’Omar. C’est lui qui, après la mort de Mahomet, gouvernant en réalité sous le nom du faible Abou-Bekr, au moment où J’œuvre du prophète à peine ébauchée allait se dissoudre, arrêta la défection des tribus arabes et donna à la religion nouveJJe son caractère universel. C’est le saint Paul de l’islam.

Dans le cercle des fidèles primitifs, en effet, parmi ceux de la Mecque qui avaient suivi le