Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/31

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que parfaiblesse, et faute de connaître ie droit chemin, qu’on prend des sentiers détournés, et qu’onarecoursâ)a ruse. La vraie habileté consiste à ne s’occuper point de tant d’expédients, mais à choisir d’abord, par une vue Dette et précise, celui qui est Je meilleur en le comparant aux autres. Cette fertinté d’expédients vient moins d’étendue et de force de génie que de défaut de force et de justesse pour savoir choisir. La vraie habileté consiste à comprendre qu’à la longue, la plus grande de toutes les ressources daus les affaires est la réputation universelle de probité. Vous êtes toujours en danger, quand vous ne pouvez mettre dans vos intérêts que des dupes ou des fripons mais quand on compte sur votre probité, les bons et les méchants mêmes se fient à vous vos ennemis vous craignent bien, et vos amis vous aiment de même. (DM/o~fc des mo~.)

Voltaire fait observer que le vulgaire suppose quelquefois une étendue d’esprit prodigieuse et un génie presque divin daus ceux qui ont gouverné des empires avec quelque succès. II ajoute que ce n’est point une pénétration supérieure qui fait les hommes d’État, c’est leur caractère. tl arrive souvent, dit-iJ encore, parmi les hommes d’État, ce qu’on voit tous les jours parmi les courtisans celui qui a le plus d’esprit échoue, et celui qui a dans le caractère plus de patience, de force, de souplesse et de suite, réussit. Mazarin fut tout-puissant et Retz accablé. Pour faire un puissant ministre, il ne faut souvent qu’un esprit médiocre, du bons sens et de la fortune ; pour passion dominante, l’amour du bien publie. Le grand homme d’État est celui dont il reste de grands monuments utiles à la patrie. c (Siècle de to !M’~ .XVF.) Pour ne citer ici que ce’’x qui, sans avoir été appelés à gouverner, ont mérité d’être quahffés d’hommes d’État, il faut ranger parmi eux, en première ligne, les grands historiens, tels que Thucydide et Xénophon, chez les Grecs ; Salluste, Velleius-Paterculus, et surtout Tacite, chez les Romains ; et chezles modernes, Philippe de Comines, Fra Paolo, Machiava). Mézeray, Montesquieu, etc. Sur cette liste doivent figurer aussi les noms de ceux qui se sont illustrés dans l’éloquence politique, tels que les Démostbene, les Cicéron, les Mirabeau, et de ceux qui, après avoir été des hommes d’action, ont écrit, à des points de vue divers, sur la science qu’ils avaient pratiquée Le sieur de Silhon, l’un des premiers membres de )’Académie française, et créature de Richelieu, a publié, en t63t, le JfMïM~y-e d’É<a<, avec le véritable MM~e de la politique 1. Veicï quelques noms des siècles derniers qu’on pourrait citer ici, d’apréa Donato : Philippe de MaiBières, SeyMe), Morno, Walsingham, Gaichardin, Contarim, Smitb, L’Hospital, Bongars, d’Omat, Faacbal, HottnandeYiUiera, Jeannin, Caaaye, Sully, Perez, Bedmar, Saavedra, Lisola, Grotius. Paruta, Goztiski, Bacon, Bassompierre, Rohan, Marca, Eithelien, D’Avanx, Servien, Destradei !, W. Temple Moleewort, Nani, Carafa, Saint-Phllippe, SantaCroi, Wicqnefbrt, CaUtiÈrea, etc., été. moc~-Mf. y démontre qu’un excellent ministre est une marque de la fortune d’un prince, et)’insfrumcritde)afé)ieiféd’unÈtat."etna’ turetiement c’est sur l’exemple du ministre de Louis X !ii qu’il appuie partout sa démonstration. Il avait déjà fait paraitre. en te29, un ~ ;K~y ?’<e du cardinal ; c’est en quelque sorte une nouvelle édition, mais qui n’est pourtant pas dénuée d’un certain intérêt.

Au siècle dernier, un diplomate vénitien distingué, Iico)o Donato, a composé un traité spécial de l’~oMme d’~a< (l’Uomo di governo), sous quelque forme de gouvernement que ce soit, traité dans lequel il enseigne habiit’ment la pratique avec la théorie, ne séparant pas les trois choses qui concourent à former uu homme d’Etat, la connaissance des principes, l’étude des bons modèles, et l’expérience des alTaires. La pratique seule est, dit-il, longue, pénibic aveugle ; la théorie seule laisse des doutes dans l’esprit, et n’apprend point à opérer avec assez de précision ; l’imitation, sans les deux autres, est trompeuse et incertaine. Le politique qui ne l’est que par théorie, est sujet à se tromper dans l’application des régies. Le praticien sans principes est esclave des événements, qu’it ne sait ni prévoir ni dominer, il va tâtonnant et faisant des expériences. Le servile imitateur des grands modèles ne fait presque aucune opération comme elle doit être, it est dérouté à chaque nouve) !e occurence parce qu’il ne trouve aucune ressource dans luimême. Il faut donc, selon Donato, avoir une règle de conduite plus précise qu’une théorie vague, plus sûre qu’une pratique aveugle, plus juste qu’une imitation iri’éguiière ; et cette régie, son ouvrage la fournit d’une manière fort complète et fort louable. Tandis que les autres écrivains ont traité des alTaires politiques et de leur maniement, Donato, fldèle à son titre, considère l’homme qui est à la tête des an’aircs, les connaissances et les talents qui lui sont nécessaires, les moyens qu’il a de les acquérir et de les perfectionner, enfin l’emploi Je pins utile qu’il en peut faire pour le peuple ou le souverain. Ce livre a été traduit en français par le publiciste Robinet, qui y a joint d’amples additions tirées des meiheurs auteurs (Paris, 1767, 3 vol. iu-t2) il n’aurait besoin que d’être un peu rajeuni pour rendre d’excellents services à ces nombreux hommes d’Etat en herbe, qui parviennent aux charges sans avoir fait aucun apprentissage préalable de leur métier, dans un pays comme le nôtre, où il n’existe aucune école d’administration ou de politique, aucune condition obligatoire d’études spéciaies.

Pour achever de justifler la définition que nous avons donnée plus haut, essayerons-nous maintenant d’énumérer les principaux ministres d’État qui ont marqué dans l’histoire, et les grands hommes qui ont effectivement exercé pareux-mêmes le pouvoir souverain ? Déjà nous avons siguaté plusieurs d’entre les premiers ; nous tomberions dans le lieu commun, si nous cherchions à rassembler ici tant de noms qm se présentent naturellement à l’esprit. En fai-