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institution dont il n’avait peat-etre pas entrevu tons les dangers.

Cependant lord Wellington fat renversé du ministère par le contre-coup de la révolution de Juillet, avant que les réfonnes fnssent accomplies : de sorte que la responsabilité morale et politique de l’existence de la Compagnie doit être partagée par lord Grey, qui fut son successeur et qui, comme tel, fut chargé de terminer la tâche que le précédent ministère n’avait fait qu ébaucher.

La cour des directeurs et le gouvernement nrent un compromis en vertu duquel il fnt arrêté que la Compagnie transférait ses privilèges commerciauT et ses propriétés territoriales à la couronne, moyennant un ensemble de mesures destinées à sauvegarder tous les intérêts existants et tons les droits acquis. Les propriétaires devaient être remboursés par annuités et on créa un capital qui, placé dans les fonds publics d’Angleterre, était destiné à être réparti entre eux au bout d’un certain temps. Le ministère porta à 630,000 liv. st. le montant de l’aunuité et à 2,000,000 liv. st. le capital du fonds commun. La cour des directeurs se réserva, en outre, le droit de présenter au bureau dn contrôle un plan propre à assurer l’exécution de ses obligations commerciales, et le sort de ceux de ses employés dont la situation serait atteinte par les dispotions nouvelles.

Ces arrangements furent adoptés par l’assemblée des propriétaires, et sanctionnés par nn bill du Parlement le 26 juillet 1833. Voici les principales dispositions de ce bill Les territoires possédés daus l’Inde par l’Angleterre demeurent sous le gouvernement de la Compagnie jusqu’au 30 avril 1844. Les propriétés de la Compagnie sont acquises à la couronne pour l’acquittement des dépenses de l’Inde. Les privilèges, droits, pouvoirs, immunités de la Compagnie continueront d’avoir force de loi jusqu’à la même époque. Les dettes de la Compagnie seront liquidées, à une époque déterminée, snr les béuéOces et les revenus territoriaux de l’Inde. Un dividende de i0’ p. tOO est accordé aux propriétaires du capital de la Compagnie, mais rachetable par le Parlement dans certaines proportions Bxées d’avance. La Compagnie est autorisée à demander ce remboursement dans le cas on le gouvernement

de i’tnde lui serait enlevé.

Un fonds social de 2 millions sterling est formé pour ie remboursement de l’annuité accordée aux propriétaires du capital social de la Compagnie ; jusque-là, l’intérêt de ce fonds commun s’ajoutera au capital. En cas de nonpayement de l’annuité ou d’une partie de l’annuité par le gouvernement, la cour des directeurs est autorisée à prendre sur le fonds commun la somme nécessaire pour compléter ce payement. Le dividende sera payé sur les revenus de l’Inde, de préférence à toute antre dépense.’ à

Ce bill fut mis en vigueur à dater du 30 avril Î8..4 il consacrait en principe l’abolition de la Compagnie des Indes et introduisait un régime transitoire qui devait durer jusqu’à l’expiration de ce délai.

Voici quelle était l’organisation de l’administration de l’Inde, sur laquelle régnait la cour des directeurs, et qu’on pourrait appeler le personnel actif de la Comnagnie des Indes. Le gouverneur général résidait à Calcutta, ce fonctionnaire avait les attributions les plus étendues les présidences de Madras, de Bombay, le gouvernement d’Agra étaient soumis à son autorité, aussi bien que celui du Bengale dont il était titulaire. !i pouvait réunir à tous ces pouvoirs les fonctions de général en chef des armées dans l’Inde et commandait de droit la garnison du fort William. U pouvait faire des traités de paix ou d’alliance, déclarer la guerre, faire des traités de commerce ; il nommait aux emplois et pouvait faire des lois ou règlements et abolir les lois antérieures. Ses décisions étaient exécutoires dans l’Inde jusqu’à ce que la cour des directeurs ait fait connaître ses intentions. Le gouverneur était assisté d’nn conseil composé de quatre membres ordinaires et auquel était adjoint le général commandant en chef les armées des trois présidences. A cette époque, le gouvernement de l’Inde s’étendait sur une superficie d’environ 50,000 milles carrés, peuplés d’environ 100 millions d’âmes.

Chaque présidence était administrée par nn gouverneur spécial, auquel était adjoint un conseil composé de trois conseillers et du gouverneur. Le général commandant l’armée de la présidence était de droit membre du conseil.

Les gouverneurs et les conseils avaient sons leurs ordres immédiats une multitude de fonctionnaires européens qui administraient tout ce vaste pays. Les indigènes étaient soigneusement écartés de toute participation aux affaires, et ils ne remplissaient que les emplois les plus subalternes.

Une foule d’États secondaires dans l’Hindoustan central et le Décan, liés par des traités avec le gouvernement anglais, formaient pour ainsi dire avec lui une vaste confédération dont ce gouvernement était le chef.

Cette grande puissance était cependantmoins solide que sa prospérité apparente n’aurait pu le faire croire. Les bonnes intentions de lord Beutinck et les réformes du Parlement n’avaient pas suffi pour faire disparaître tous les abus qui avaient tant de fois suscité les réclamations du Parlement anglais. L’ !sd ? était pressurée méthodiquement par l’Angleterre ; et il était évident que la situation faite aux indigènes par leurs maîtres n’était supportée par eux qu’avec la plus grande répugnance.

En 1832, le budget de la Compagnie des Indes se balancait comme suit

Recettes 18,478,686 liv. st.

Dépenses.. 17,583,132

L’Inde supportait de lourdes charges en Angleterre, et on pouvait évaluer à 3 millions sterling la somme qu’elle devait envoyer annuellement dans ce pays, soit pour des frais d’admi-