Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/371

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— Nous n’en savons rien.

— Vous niez Dieu ?

— Nous ne le nions ni ne l’affirmons. Nous ne savons ce que c’est ; nous ignorons ce que le terme Dieu signifie.

— Dieu est celui qui a tout créé et qui régit tout.

— Qu’en savez-vous ?

— On le dit.

— Ceux qui le disent l’ont-ils vu ou entendu ?

— Non, ils ne l’ont ni vu ni entendu.

. . . . . . . . . . . . . . .

— Il ne faut donc pas croire en Dieu ?

— Il n’y a pas à s’en occuper autrement.

« Cette partie, dit l’auteur, conforme aux doctrines positives, a été corrigée par Littré. »

C’est ainsi que ce bas et venimeux sophiste s’abrite de l’autorité d’un nom trop célèbre. Le pauvre savant qui ne voulut pas emporter sa singerie dans la vie future et qui s’éteignit, désabusé des promesses du matérialisme, dans l’auguste paix chrétienne, est, en vérité, bien cruellement puni de ses erreurs. D’ailleurs, la plupart des philosophes connus, depuis Confucius jusqu’à Renan et bon nombre de Pères de l’Église, exploités ou frelatés par cet industriel, parlent sous sa plume un langage qui les étonnerait sans doute prodigieusement. C’est l’honorable procédé de l’éducateur des générations nouvelles.

Autre exemple :

— Qu’est-ce que Jésus-Christ ?