Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/134

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profondeurs du nadir, reparut pour me taper — au Nom de Marie ! — d’une forte somme. Tout le monde sait que je suis un mendiant et on en abuse. L’expression de ma surprise et l’aveu de mon impuissance me valurent aussitôt une lettre goujate que je garde comme un document précieux pour servir à l’histoire du Bourgeois pauvre au commencement du vingtième siècle.

Mépriser le pain dont on s’est gavé à la table des indigents et leur expédier, en retour, un flot d’ordures où le nom de Dieu est pieusement invoqué à chaque minute ; être appareillé d’une idiote qui accomplit cet acte sublime de nourrir et, avec tout cela, pousser l’héroïsme jusqu’à n’être pas un domestique, lorsqu’on est si saintement outillé pour vider des pots de chambre et les rincer avec attention ; telles sont les grandes lignes de ce dévorant de ton espèce qui te menace, ô Bourgeois riche, et qui vient du Brabant pour t’engloutir[1].


LXVIII

Je n’ai besoin de personne.


Donc, je suis Dieu. Il est remarquable que telle

  1. Voir le Fils de Louis XVI, chap. x, où j’ai traité à fond cette question grave de la Domesticité.