Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/130

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Hargneuse, en même temps, à faire avorter des chiennes, et pudibonde comme l’arithmétique, elle accueillait sans trop d’aigreur, dans son lit très pur, les suffrages crépusculaires de quelques boucs épuisés du petit négoce.

Le doux Thierry dut se résigner six fois sur dix, en lâchant des pleurs, à trouver la porte close. Il arriva même qu’on faillit le précipiter dans l’escalier, sous l’averse des malédictions les plus ordurières. Ces violences, qui le contristaient, lui parurent, néanmoins, dériver d’une âme tout à fait divine et quadruplèrent naturellement sa ferveur.

— Elle a tant souffert ! disait-il, élevant ses deux mains jointes vers l’azur pris à témoin.

Béatrix, d’ailleurs, percevait en dîners ou petits cadeaux l’octroi de ce culte et toujours, dès le lendemain, clarifiait admirablement la situation.

Cette râclure de fille lui fit avaler cinq cents fois ― en un autre style sans doute, mais avec quelle facilité ! ― le mot fameux de l’éblouissante Courtisane : « Ah ! vous ne m’aimez plus ! vous croyez ce que vous voyez et vous ne croyez pas ce que je vous dis ! »

Némorin lui-même, dans l’élan sublime de sa foi, rencontra des mots qui me confondirent.

Elle m’a tout expliqué ! me dit-il, un jour, ayant aperçu, quelques heures auparavant, chez la bien-aimée, une paire de pantoufles d’homme et un râtelier de pipes culottées pour la plupart, ― beau-