Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/19

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gloire et d’ignominie, croupissait au bord de sa fille, ― dans l’inaltérable sérénité du soir de sa vie, ― comme une guenille d’hôpital sur la rive du grand collecteur.



L’histoire de ces deux individus n’avait, pour tout dire, aucune des qualités essentielles qu’on doit exiger du poème épique.

Le bonhomme Ferdinand Bouton, familièrement dénommé papa Ferdinand ou le Vieux, était une ancienne canaille de la rue de Flandre où il exerça naguère trente métiers dont le moins inavouable mit plusieurs fois en danger sa liberté.

Mademoiselle Léontine Bouton, qui devait être un jour madame Alexandre et dont la mère disparut peu de temps après sa naissance, avait été élevée par le digne homme dans les principes de la plus rigoureuse improbité.

Préparée, dès son âge tendre, aux militantes pratiques, elle décrochait, à treize ans, une brillante situation de vierge oblate chez un millionnaire genevois renommé pour sa vertu, qui l’appelait son « ange de lumière » et qui acheva de la putréfier. Deux ans suffirent à la débutante pour crever ce calviniste.

Après celui-là, combien d’autres ! Recommandée surtout aux messieurs discrets, elle devint quelque chose comme un placement de père de famille et