Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/217

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les paquebots transatlantiques pour apparaître au moment précis où la tige de l’universelle Inquiétude s’élance du cœur des agonisants qu’on outrage.

Les ressources de la répression n’y peuvent rien. Ils sont incolores et dilués comme le crépuscule des soirs et c’est toujours un fantôme qui s’interpose quand la main pénale croit les saisir.

Mais la Mort soudaine obéit à ces contumaces, comme une chienne de voleur de nuit, et l’Épouvante marche devant eux dans des brodequins de velours…



L’inconnu redoutable observait donc le mourant de faim et son œil unique, frangé de cils pâles, ressemblait à une araignée couleur d’argent au fond de sa toile.

— Hein ! c’est rigolo, n’est-ce pas ? dit-il tout à coup, c’est tout à fait rigolo de chercher de la galette chez les bourgeois, quand on crève de faim, quand les enfants gueulent et que le ciel fait pipi partout.

Entendant cet écho fidèle de ses intérieures doléances, le vagabond ne put se retenir d’exhaler sa plainte.

— Ah ! les cochons… soupira-t-il.

Puis, tout à coup, se ravisant :

— Vous me connaissez donc, monsieur ?

— Je ne connais personne, répondit l’autre, et le