Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/224

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religieuse encore et qui donnait un coup de main au vieux curé pour les lessives pascales.

La brillante vicomtesse qui régnait sur toute la contrée et qui était pour les pauvres gens de son fief, l’archétype des magnificences, vint s’agenouiller rapidement et sans barguigner dans l’humble compartiment dévolu aux aveux réconciliatoires.

Le missionnaire, l’ayant aperçue, se hâta d’absoudre une sabotière qui le cramponnait dans l’autre alvéole et, presque aussitôt, ouvrit le sabord des exhortations à la pénitente considérable que lui envoyait le ciel.

Celle-ci ne lui permit pas de placer un mot.

— Monsieur le prédicateur, dit-elle tout de suite, j’imagine que votre temps est précieux et je commence par vous déclarer que je ne peux disposer moi-même que d’un très petit nombre d’instants. Je suis impatiemment attendue par mon dix-septième amant, un imbécile adorable à qui j’ai résolu de livrer mon corps et mon âme, dans une heure ou deux.

Je suis athée, autant qu’on peut l’être et je fais tout ce qu’il me plaît de faire. J’ai l’horreur des pauvres, j’exècre la douleur et j’aime mieux une mauvaise conscience qu’une mauvaise dent, comme l’a dit agréablement un poète juif que vous ne connaissez pas.

Je me moque de votre Dieu sanglant et n’ai que