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les monuments adorables conservés à la Bibliothèque Nationale ou aux Archives, tels que les Évangéliaires de Charlemagne, de Charles-le-Chauve, de Lothaire, le Psautier de saint Louis, le Sacramentaire de Drogon de Metz, les célèbres livres d’heures de René d’Anjou, d’Anne de Bretagne et les miniatures sublimes de Jehan Fouquet, peintre attitré de Louis XI.

Il avait fait presque des bassesses pour obtenir l’autorisation de copier quelques scènes bibliques ou paysages dans les Heures magnifiques du frère de Charles V possédées par le duc d’Aumale.

Enfin, un jour, il avait accompli le coûteux pèlerinage de Venise, uniquement pour y étudier ce miraculeux Bréviaire de Grimani auquel Memling passe pour avoir collaboré et dont s’inspira Dürer.

Toutefois, il ne reproduisait jamais, ne fût-ce que par fragments juxtaposés, l’œuvre de ses devanciers du Moyen Âge. Ses compositions, toujours étranges et inattendues, qu’elles fussent flamandes, irlandaises, byzantines ou même slaves, étaient bien à lui et n’avaient d’autre style que le sien, « le style Vénard », comme l’avait dit exactement Barbey d’Aurevilly, dans un feuilleton plein d’enthousiasme qui commença la réputation de l’enlumineur.

Dédaigneux des chloroses de l’aquarelle, son unique procédé consistait à peindre à la gouache, en pleine pâte, en exaspérant la violence de ses reliefs