Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de couleur par l’application d’un certain vernis dont il était l’inventeur et qu’il ne livrait à l’analyse de personne.

Ses enluminures, par conséquent, avaient l’éclat et la consistance lumineuse des émaux. C’était une fête pour les yeux, en même temps qu’un ferment puissant de rêverie pour les imaginations capables de faire reculer la croupe de la Chimère, et de réintégrer les siècles défunts.



Il me reste maintenant à expliquer comment ce personnage extraordinaire fut un homme si bien nourri et comment sa fin lamentable a pu être, pour un grand nombre, l’occasion de se consoler.

On sait que je n’en laisse échapper aucune de faire valoir mes contemporains et que c’est pour moi un besoin de répandre sur les cœurs souffrants le dictame de mes adjectifs.

Ici, par bonheur, je n’ai presque rien à faire. Je me demande même si jamais la grandeur morale a tant éclaté qu’en cette occurrence du trépas de l’enlumineur.

Prosper Vénard n’était pas encore enterré que, déjà, vingt feuilles rédigées par de justes écrivains mentionnaient en gémissant les origines peu connues de sa déchéance.