Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/324

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Or, voici ce qui s’était passé.

Deux jours auparavant, Chaumontel avait rencontré Bardache.

Tous les vieux rôdeurs ont connu Bardache, le long Agénor Bardache, qui fut si joli dans les dernières années du second Empire, quand il débuta.

À cette époque lointaine, on le surnommait, rue Marbeuf, la Tranquillité des parents. Le drôle eut de fiers succès, dont quelques gâteux se souviennent. Des personnages illustres l’entretinrent, et de fiers généraux, tannés par le ciel d’Afrique, lui offrirent des bouquets rares.

Après la Commune, qui l’avait orné, je crois, de quelques galons, il disparut, pour quelques années, dans les profondeurs du nadir.

Les trottoirs et les bois sacrés le revirent un jour, mais combien changé ! Désormais barbu, jaune et sale, il ressemblait à un arbre aride qui aurait poussé de trop longues branches. La face anguleuse et plaquée de lividités singulières, en dépit des maquillages et des fards, faisait penser à ces effigies du Mal sans pardon que le Moyen Âge a tant sculptées, sous les pieds des saints, dans les coins obscurs de ses basiliques.

Pour les imaginatifs, ce fantôme de boue devait