Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/349

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malvat de la chalcographie qu’il avait, un jour, trempé de la tête aux pieds dans une mare de boue, sans même interrompre sa lecture, et qu’il avait ensuite mis à sécher en équilibre sur l’appui d’une fenêtre balustrée que le soleil dardait avec rage. Épisode qui donnait à réfléchir.

Puis, quelque imbécile que je fusse alors, le grandiose de cette misère agissait un peu sur moi. Je sentais, quand même, la présence d’une âme extraordinaire, et, plus tard, j’ai compris que c’était là justement ce qui révoltait les enfants de cancrelats répartis sous nos épidémies, à chacune des apparitions de cet insolite malheureux.

Ses haillons, je vous assure, n’avaient rien d’ignoble. La propreté de ses hardes en copeaux était même une chose curieuse et touchante.

J’ai toujours devant les yeux un certain chapeau de haute forme acquis, Dieu sait en quels anciens jours ! et dont la cocasserie ne pouvait être surpassée que par l’inoubliable tromblon de Thorvaldsen, dans cette fresque bafouée des vents, hommage décrépit de l’admiration des Danois sur les parois extérieures de son musée à Copenhague.

On vit ce chapeau, fréquenté par les météores, se transformer au cours des saisons et passer par toutes les couleurs. Le dernier état constaté fut la spirale ou colimaçon d’Archimède, aux blanchâtres circonvolutions, qui faisait paraître le titulaire coiffé d’un