Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/363

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malheureux à faire ce pèlerinage. C’est le Sinaï de la Pénitence, le Paradis de la Douleur, et ceux qui ne le comprennent pas sont bien à plaindre. Moi, je commence à comprendre et, quelquefois, j’obtiens d’être délié pendant une heure…



Il s’arrêta, et je me gardai bien de rompre ses pensées. J’eusse été, d’ailleurs, assez peu capable de proférer un seul mot qui ne m’aurait pas semblé ridicule en présence de ce forçat volontaire, de ce Stylite colossal de l’Expiation.

Quand il se remit à parler, au bout d’un instant, j’eus la surprise d’une transformation inouïe. Au lieu de ce pathétique formidable qui venait de me serrer toutes les fibres autour du cœur, à la place de cette houle de remords, de ce volcan de plaintes qui lançait partout ses laves d’angoisse, la voix humble et mystérieusement placide que j’avais entendue la veille.

Si je vous priais d’imaginer, par exemple, un enfant mourant que vous entendriez parler à travers un mur, ce serait absurde, et, pourtant, je ne trouve pas mieux. Bref, j’eus l’intuition de quelque chose d’infiniment rare…

— On me raille souvent, disait cette voix, à propos des bêtes. Vous en avez été le témoin. Je crois devi-