Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/95

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du Trône de Dieu, dans un steppe désolé du ciel, où les rivières, les sources vives et le savon de Marseille sont inconnus.

C’était, hélas ! un ange malpropre, et je pense que telle fut l’origine peu connue de l’attraction qui avait orbité cette planète folle autour de la fixe Cléopâtre considérée comme un astre sage.

Il eût été difficile de prononcer laquelle des deux l’emportait en immondices. C’était une émulation de saleté, un assaut de crotte, un antagonisme de taches et de sédiments impurs, une compétition de pulvérulences, un conflit de déchirures et de pendeloques, un tournoi d’exhalaisons renardières, de remugles, de relents et d’empyreumes.

Ces deux créatures s’aimaient, d’ailleurs, sans aveuglement et se jugeaient, en toute occasion, avec une extrême indépendance.

— Cette Pénélope est vraiment par trop cochonne, claironnait la du Tesson. Il faudrait une drague pour la nettoyer.

— Je ne conçois pas, flûtait à son tour miss Magpie, que notre chère Cléopâtre se néglige à ce point. C’est à croire qu’elle a résolu d’inspirer le dégoût. L’administration de la voirie devrait bien lui envoyer une équipe.

À cela près, elles se trouvaient infiniment bien et leur amitié marchait à ravir.