Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/144

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machinalement aux politesses mécaniques de l’hôtelière, les oreilles bourdonnantes et la gorge en feu.

Après d’emphatiques présentations qui ne laissèrent dans son esprit la trace d’aucun des noms barbares ; qu’on lui notifiait, elle se vit à table, en compagnie d’une demi-douzaine d’étrangères, de virginité imprécise, perchées sur divers barreaux de l’échelle du temps.

Mademoiselle Séchoir, très digne, culminait à la pointe de sa quarantaine. La plus jeune, une Suédoise érubescente et enchifrenée, placée à la droite de Clotilde, paraissait avoir vingt ans et n’ouvrait la bouche que pour engloutir. Les autres, dispersées à la façon des Curiaces, ramifiaient au petit bonheur, entre vingt-cinq et trente, et se manifestaient plus loquaces. Riches et laides, ainsi qu’il convient aux passagères studieuses de l’allégorique vaisseau parisien, la très pauvre fille des galetas ressemblait, au milieu d’elles, à une œuvre d’art oubliée dans une basse-cour.

Naturellement, avant même de s’asseoir, elle avait déjà déplu. Du premier coup, on avait senti que la nouvelle pensionnaire était marquée du grand anathème, qu’elle n’était pas comme tout le monde, et peut-être l’aimable Séchoir en avait-elle, dès le matin, prévenu tout son poulailler.

L’une de ces dames, petite Anglaise ronde et folâtre, qu’on aurait pu croire farcie par quelque rôtisseur frénétique, tellement on la voyait luire, s’avisa bientôt de l’interpeller.