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Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/17

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lointaine, sans doute, puisque le drôle était né, disait-il lui-même, au faubourg du Temple, où ses parents avaient dû pratiquer de vagues négoces très parisiens sur lesquels il n’insistait pas.

Il se réclamait donc volontiers d’une ascendance provinciale digne de tous les respects et de collatéraux innombrables répartis au loin, dont il vantait les richesses, non sans flétrir avec énergie l’orgueil de propriétaires qui leur faisait méconnaître sa blouse glorieuse de citoyen travailleur. Effectivement, on n’en avait jamais vu un seul. Cette parenté problématique était ainsi, à la fois, une ressource de gloire et une occasion de déchaînements généreux.

Mais il se déchaînait encore plus contre l’injustice de sa propre destinée, racontant, avec l’emphase des aborigènes méridionaux, la malechance damnée qui avait paralysé toutes ses entreprises et l’improbité fangeuse des concurrents qui l’avait réduit à quitter la redingote du patron pour la vareuse du prolétaire.

Car il avait été réellement capitaliste et chef d’atelier travaillant à son compte, ou plutôt faisant travailler parfois une demi-douzaine d’ouvriers pour lesquels il parut être le commandeur des croyants de la ribote et de la vadrouille éternelle.

Le quartier de la Glacière se souvient encore de ces ajusteurs de rigolade, à l’équilibre litigieux, qu’on rencontrait chez tous les marchands de vins, où le singe, toujours ivre-mort, leur promulguait habituellement sa loi.

La déconfiture assez rapide, et suffisamment annoncée