Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/245

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la foudroyante lettre de Marchenoir. Pour tout dire, une mystique de telle envergure se trouvait désorientée de n’avoir plus rien à souffrir.

L’étonnante fredaine d’holocauste qui suivit, avait paru énorme à son confesseur, qui n’hésita pas à l’inculper énergiquement de zèle excessif, tout en s’avouant, dans l’intime de ses conseils, singulièrement édifié lui-même par cette chrétienne, dont il avait la prétention d’être le remorqueur. Même, il n’avait pu s’empêcher d’exprimer des craintes sur l’efficacité de l’expédient, alléguant, non sans profondeur, l’instinct de résignation mendicitaire particulier à l’amour sensuel, qui fait convoiter aux désirants les plus superbes, jusqu’aux moindres miettes de la ripaille dont ils sont frustrés. Il pensait surtout, mais sans l’exprimer, qu’aux yeux d’un spiritualiste, au transport facile, tel que Marchenoir, la splendeur morale de l’immolation devrait infiniment surpasser en illécébrant vertige la charnelle beauté sacrifiée…


XLVIII


Au fait, qu’en restait-il, exactement, de cette beauté presque fameuse, qui avait fait délirer des gens austères, chargés de prudence comme des chameaux, et qui, même, assurait-on, avait autrefois coûté la vie à deux hommes ? Les ruines de cette Palmyre étaient-elles décidément répulsives à tout enthousiasme ? Un artiste profond, qui eût contem-