Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/283

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même, eut la misère des misères de tolérer l’intrusion dans le gouvernement de l’Église, il fallait qu’on idolâtrât les plus giflables de ses mamelouks.

N’avons-nous pas vu, un jour, de nos yeux dilatés par la terreur, en haut de l’escalier du journal, ce pommadin de sacristie, ce merlan gâteux qu’on nomme Auguste Roussel, congédiant, le mufle en l’air, deux rétrogradants évêques pliés devant lui, et se dérobant à reculons dans leur robe violette, cuits et juteux de bonheur pour avoir été reçus par ce plénipotentiaire ?…

Maintenant, c’est bien fini, les dictatures des gens de talent, et la place de Veuillot n’est plus à prendre aujourd’hui par personne. Ce jaloux posthume a laissé sur le seuil de la presse religieuse de telles ordures, qu’il n’est plus possible de pénétrer dans la maison. Les chrétiens, qu’il a mis la tête en bas, continueront de paître le sainfoin de la sottise la plus moutonnière, jusqu’à ce qu’ils soient devenus assez gras pour être mangés. Mais le plus immense génie du monde n’obtiendrait pas désormais le crédit de ce singulier pasteur du journalisme, qui changeait ses abonnés en bestiaux pour les mieux garder.


LIV


— Que Dieu nous soit en aide ! dit Véronique. Pourtant, cher ami, vous savez que l’Église a des promesses et qu’elle ne saurait périr.