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Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/335

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sans discussion toute l’autorité qu’il veut prendre, et le drôle immonde en profite pour organiser, à son usage, une sorte de royauté de l’espionnage et de l’intimidation. Il donne ainsi des mots d’ordre à la presse entière, organise le scandale, décrète le bruit, promulgue le silence et, aussi savant délateur que redouté complice, fait tout trembler de son omnipotente ignobilité.

Et c’est une juste royauté, une trois fois légitime primatie, nul, — pas même Albert Wolff et Valérien Denizot ! — n’étant plus bas, plus fangeusement côté, plus dénué de talent, plus invulnérable à un sentiment d’ordre élevé, plus impossible à calomnier.


LX


— Est-ce bien tout ? se dit Marchenoir, en achevant ce dénombrement. Les quelques comparses que j’entrevois encore, ne me paraissent pas être du bâtiment. Ils ne sont là que pour faire nombre et pour l’exultation de la vanité parvenue de Beauvivier. Quand je pense que voilà pourtant les nourriciers de l’intelligence ! Ils sont presque tous décorés. Dieu me soit en aide ! Nous allons avoir la Table ronde ! Que vais-je devenir au milieu de ces chevaliers ?

Sur cette réflexion, une tristesse immense lui vint et un découragement sans bornes. Il éprouva, plus atrocement que jamais, son impuissance. Privé du ressort de la richesse, amoureux de toutes les