Aller au contenu

Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
APPENDICES

Vox populi, vox Dei. Ce nom rappelait le tombeau du Sauveur et sa croix qu’on reconnut à ses miracles.

« La Croix qu’avait érigée Colomb fut nommée la vraie Croix, à cause de la multitude de ses miracles[1]. Aucune relique n’attira jamais un concours de fidèles plus incessant que ce rustique monument d’une piété apostolique. Des grâces innombrables étaient journellement obtenues par ce bois, sans que le nom de celui qui l’avait élevé s’offrit à l’esprit de personne. S’il vint à la pensée de quelques catholiques, ceux-ci le turent par prudence. Qui croyait alors à Christophe Colomb, dans le monde ?

« Cependant la vraie Croix de la Conception fut célèbre dans les Antilles, en Espagne et dans le nouveau continent. On lui rendit une sorte de culte ; et ce culte, interrompu par force majeure, n’est jamais pourtant tombé en désuétude. Il a été repris dès que les circonstances l’ont permis ; et au commencement du siècle actuel, on allait encore en pèlerinage au lieu où se conserve un fragment considérable de la vraie Croix de la Conception, que les Français confondaient avec la vraie Croix de notre Sauveur, retrouvée par la sainte impératrice Hélène.

« Nous n’éprouvons aucun embarras à parler devant les libres penseurs, les positivistes, de la vraie Croix de la Conception et de ses miracles. Le fait subsiste inattaquable, parfaitement éclairei, officiellement consigné dans Les chroniques des Indes et de la Castille, écrit et certifié par les ennemis mêmes de l’Amiral. On ne saurait nier l’existence de cette Croix, les miracles qu’elle opéra, la dévotion qu’elle inspira. Seulement, aujourd’hui comme à l’époque de cette ferveur, personne n’a remarqué une corrélation entre ce prodige et l’homme qui en fut l’occasion ou la cause.

« Nous avons le devoir de réparer cet oubli, et de rappeler

  1. Lopez de Gomara : « Que liamaron por esso de la vera Cruz. » — La Historia general de las Indias, cap. xxxiv, p. 21 ; in-12, 1554