Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/61

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Les clameurs de possédés qui précédèrent la Sentence et qui accompagnèrent, comme une basse continue, l’incommensurable Supplice furent assurément la plus complète manifestation de l’horreur humaine pour la Pauvreté.

Ce délire surnaturel ne pourra jamais être dépassé et lorsque la houle des populaces démentielles grondera de joie sur les cadavres des « Deux Témoins » dont l’Apocalypse a prophétisé l’immolation, ce ne sera pas plus épouvantable.

Il n’est pas nécessaire d’avoir fait de puissants travaux d’exégèse pour savoir qu’en effet Jésus-Christ fut le vrai Pauvre, — désigné comme tel à chaque page de l’Ancien ou du Nouveau Testament, — l’unique parmi les plus pauvres, insondablement au-dessous des Jobs les plus vermineux, le diamant solitaire et l’escarboucle d’Orient de la pauvreté magnifique, et qu’il fut enfin la Pauvreté même annoncée par des Voyants inflexibles que le peuple avait lapidés.

Il eut pour compagnes les « trois pauvretés », a dit une sainte. Il fut pauvre de biens, pauvre d’amis, pauvre de Lui-même. Cela dans les