Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/206

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Ayant surtout entrepris le panégyrique de cet animal singulier, voici, pour l’éclairer, deux anecdotes remarquables.

Un certain jour, dans la Sarthe, aux environs de la Ferté-Bernard, il laissa, comme tant d’autres fois, notre colonne filer devant lui et s’arrêta chez un rustre pour vider un verre. Il payait, d’ailleurs disons-le, beaucoup plus souvent qu’on ne le croyait parmi nous. Ce verre, naturellement, se multiplia et le pichet d’eau-de-vie de cidre étant épuisé, le héros, à l’indicible terreur de son hôte qui avait l’air de piétiner des escarboucles de feu, manifesta l’intention de dormir une heure ou deux dans la grange voisine dont la paille claire le tentait.

Aux vives remontrances du paysan qui lui représentait l’arrivée probable des uhlans, il répondit simplement :

— Fous-moi la paix ou je te mange les tripes ! et s’alla vautrer.

Cinq minutes plus tard, il ronflait comme un volcan et deux cavaliers prussiens se présentaient.

Aventure aussi simple que délicieuse. Pendant qu’un des nouveaux venus parlementait impérieusement avec le maître du logis, l’autre, s’avisant de la grange pour l’installation de leurs chevaux, entendit le ronfleur en y pénétrant.

Bertrand, juché à hauteur d’homme était complètement invisible dans le creux formé par son