Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/240

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L’Empereur, désormais captif, est donc monté par une sorte d’échelle au premier étage de cette maison conquise la veille avec une armée de huit cent mille hommes, et dont Bismarck naturellement lui fait les honneurs.

Napoléon III est coiffé d’un képi rouge brodé d’or, il est revêtu d’une redingote noire doublée de rouge avec capuchon et porte un pantalon rouge. La veille, il a essayé de se faire mitrailler pendant la bataille. Bon débarras sans doute pour son Espagnole ! Mais la mitraille n’a pas voulu d’un tout-puissant qui n’avait plus rien à perdre et c’est l’Angleterre, dévoratrice de sa Race, qui doit l’avaler dans deux ans.

Il a des gants blancs et fume une cigarette. Ses jambes courtes le soutiennent mal et il se laisse tomber d’épuisement sur l’une des deux chaises.

Le Prussien malpropre et débraillé lui demande s’il a besoin de quelque secours.

— Non, monsieur, répond l’Empereur, asseyez-vous, s’il vous plaît.

Et, d’un geste pénible, il lui montre l’autre siège.

Silence de quelques instants. Un Anglais, même victorieux, attendrait qu’on lui commandât de parler. Mais nous sommes désormais en Prusse, pays de goujats, et le ministre est loquace par tempéra-