Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/276

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moi que je me nomme Isidore Tronche, dit Casse-Litron, mécanicien de mon état et avantageusement connu dans la capitale. Mais on ne parle pas des célébrités dans votre sale Berlingot ?

— Ché né suis bas Brussien, mennessier, répondit le prisonnier, ché suis Paffarois ti Munnchène.

— Bavarois ou Prussien, c’est kif-kif et je m’en bats la paupière avec une petite patte d’anguille. Si tu n’es pas Prussien, alors qu’est-ce que tu viens foutre chez nous ? C’est-y donc que vous êtes des chiens en Allemagne pour qu’on vous fasse marcher à coups de pied dans le derrière ? Ah ! malheur de malheur ! c’est pas du sang que vous avez dans les veines !

— La Bolidigue, c’est pien tivissile ! Fus affez raison. Mauffaise kerre, pien mauffaisse ! Naboléïon et Pissemarck, gou goubé et mis tetans la marmide !

— Ah ! la bonne heure ! tu es un frère, toi. Je l’ai toujours dit, il n’y aurait que de s’entendre contre les rois et les aristos, au lieu de se manger le nez et de se casser la gueule tout le temps comme des propres-à-rien. Si j’étais de vous autres, j’enverrais dinguer toute la sacrée boutique et je dirais à Guillaume et à Bismarck : « Si vous avez besoin d’argent, faites comme moi, feignants, travaillez. » Je ne sais pas où vous en êtes là-bas, dans votre pays de pommes de terre, mais, voyez-vous, tant qu’il y aura des mouches à viande sur