Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/278

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tutes fos mottes. Fulez-fus m’exbliguer pien chiste ?

Si l’ancien sublime, devenu, je le répète, un très bon soldat, n’avait pas été, dans la circonstance, totalement obstrué par les vessies d’autrefois, il eût sans doute remarqué, depuis un instant, l’expressive mobilité des yeux du colosse qui paraissait étudier avec un extrême soin les moindres broussailles. Peut-être aussi se fût-il étonné du silence très particulier de ce lieu, silence trop complet pour n’être pas inquiétant.

Ravi tout au contraire de la déférence de son Bavarois et transporté jusqu’au ciel postiche des Fils de Dieu par l’imbécile espoir d’un prosélytisme humanitaire, il continua l’évacuation.

Le pauvre diable ne continua pas longtemps. Un énorme coup de poing capable d’assommer trois veaux et qui dut lui rappeler le marteau-pilon de ses usines, l’envoya rouler par terre en même temps que son camarade, aussi rudement accommodé que lui-même.

Le Bavarois avait pris son temps et, profitant d’une seconde où l’escorte inavisée de son dessein était avec sa propre personne en alignement parfait, il avait lancé soudain ses deux formidables bras. Au même instant, il disparaissait avec une agilité surprenante.

Le malheureux caporal, instantanément dessoûlé de son bavardage, se releva presque aussitôt, écumant de rage et, suivi de son soldat non moins excité, s’élança dans la direction probable.