Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/283

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l’âme est affiliée au tonnerre et que la tempête, quelquefois, chaperonne soudainement d’une crinière de feu, quelle sublime chasse à courre de huit cent mille vainqueurs éperdus !

La panique immense, comme un cyclone venu du profond Midi, ramassant giratoirement l’Invasion autour de Paris, aurait aussitôt jeté l’Olympe de Versailles sur Manteuffel, Frédérick-Charles sur Werder, Mecklembourg sur Falkenstein et Von der Tann sur le prince royal de Saxe, dans une bousculade infinie.

Revirement inouï de la débâcle française dont l’univers eût éclaté d’admiration ! Mais il aurait fallu que les barbares, une minute seulement, aperçussent l’Âme de la France, et c’est ce que Dieu ne voulut pas, parce que l’heure n’était pas encore venue, parce que c’est une âme très précieuse dont il est jaloux, et parce qu’il fut recommandé dans le Livre de sa Parole de ne pas offrir des perles aux pourceaux.

En conséquence, tout le monde fit d’incomparables sottises. Les généraux français laissèrent échapper toutes les occasions sans cesse renaissantes de la victoire et les généraux allemands n’en laissèrent échapper aucune de déshonorer immortellement leur patrie.

Mais les uns et les autres parurent toujours dissimuler avec soin le principe de leur démence de victorieux ou de leur vertige de vaincus, — à ce point qu’on serait tenté de supposer le plus im-