Page:Bloy - Sueur de sang.djvu/284

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possible concert et que cette histoire apparaît tout à fait indéchiffrable quand on cherche à l’examiner dans ses profondeurs.

Il était donc inévitable qu’un désarroi si surnaturel des pratiques extérieures de la Providence eût pour corollaire un déplacement universel des habitudes ou des conventions banales, et nous ne songeâmes point à nous étonner de la présence parmi nous d’une vraie femme en costume de franc-tireur.

Il eût été dangereux de lui manquer de respect. Quelqu’un l’avait essayé au commencement. Mais ce quelqu’un avait reçu une telle danse qu’il fallut ensuite le raccommoder.

C’était une grande et robuste fille de la campagne, supérieure à beaucoup d’hommes par son énergie. Sans beauté, d’ailleurs, mais fort expressive et toujours agréable à voir.

N’ayant pas l’embonpoint de son sexe, le vêtement masculin lui allait admirablement et les inattentifs ou les myopes la prirent souvent pour un authentique troupier.

Il va sans dire que son nom n’avait été porté sur aucun registre matricule, qu’elle n’avait à répondre à aucun appel et qu’elle était amplement dispensée de tout service. Mais elle comptait au moins pour un soldat, pour un fier soldat, et répondait au nom de Jacques Maillard qui était celui