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les 24 oreilles de « gueule-de-bois »

En un espace de temps presque inappréciable, la victoire était acquise et le combat devenait une tuerie. Marchenoir seul fut, une minute, sérieusement menacé. Une espèce de géant réussit à s’emparer de son fusil que, malgré toute sa vigueur, le futur pamphlétaire ne parvenait pas à lui arracher. Dans cette situation, l’imminente survenue d’un second ennemi, même blessé, pouvait être un péril de mort. Soudain, il aperçut une bouteille à portée de sa main droite. S’en emparer, briser le fond contre le mur et planter sauvagement le tesson dans le visage de son adversaire, dont les yeux jaillirent, fut exécuté comme un seul geste.

Le Même, de son côté, besognait à ravir les anges. Marchenoir se souvint de l’avoir entrevu, dans cette nuit d’épouvante, écrasant la tête d’un homme sur la table, à grands coups de meule.

Particularité singulière et fort sinistre. Il n’y eut pas une cartouche brûlée. Le temps manqua peut-être, tellement tout cela fut rapide. Et puis, la mort est bien meilleure à donner de l’autre manière ! Le terrible Gueule-de-Bois, ivre-fou d’extermination, avait jeté son chassepot. Il fouillait maintenant l’Allemagne à coups de couteau, comme s’il avait voulu lui manger le cœur.

Finissons-en. La mère était morte pendant le massacre. Le père fut trouvé dans la pièce voisine,