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barbey d’aurevilly espion prussien

bler l’écume sur ses lèvres, longtemps vibrantes après qu’il avait parlé ; plus sublime d’épuisement, après ces accès, que Talma dans Oreste, plus magnifiquement tué et cependant ne mourant pas, n’étant pas achevé par sa colère ; mais la reprenant le lendemain, une heure après, une minute après !… Et, en effet, n’importe à quel moment on touchât à de certaines cordes immortellement tendues en lui, il s’en échappait des résonances à renverser celui qui aurait eu l’imprudence de les effleurer ».

Ce portrait d’un personnage des Diaboliques est si prodigieusement celui de leur auteur que je n’ai pu résister, en finissant, au plaisir de citer une page aussi magnifique du plus français de nos Écrivains, dont le médecin des morts déclarait, en 1889, ignorer la profession, et qu’un soupçonneux magistrat, contemporain de l’état de siège, ne se consola, sans doute, que malaisément, d’avoir sauvé du dernier supplice.