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sueur de sang

hyalin violet, vulgairement nommé améthyste, trésor dont il était inexprimablement fier, — afin de réparer l’autel de la Vierge qui tombait en ruines, — sacrifice plus grand pour cet homme que n’eût été le don de sa propre vie et qui fut trouvé comique à l’Évêché.

Lorsque les redoutables étrangers se présentèrent, il pouvait être dix heures du soir, et le vingt-quatrième jour de décembre finissait. Quoique fort inquiet de l’imminente venue des Prussiens, le curé se disposait, en lisant le grand Office nocturne, à célébrer la messe de minuit dans son église encore disponible et miraculeusement préservée, jusqu’à ce jour, des marcassins de l’Invasion ou de la Défense nationale.

Il s’attendait aussi peu que possible à voir ces deux personnages entrer chez lui. Quand ils apparurent, son trouble fut immense et devint aussitôt une suée d’horreur. Pour le salut de son âme, il n’aurait pas été capable de proférer d’abord un seul mot.

Il était donc venu, ce moment terrible ! Que de prières pourtant il avait adressées à Dieu, depuis un mois, pour qu’il écartât le fléau de sa paroisse, en le suppliant, néanmoins, de lui conférer la grâce nécessaire pour endurer même le martyre, s’il était absolument inévitable de tomber entre les mains de ces hérétiques victorieux !