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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

— C’est donc malgré vous que vous ne m’aimez pas ? demanda-t-il d’une voix pressante.

Marie-Anna rougit, embarrassée par cette question, prête à répondre n’importe quoi pour l’éluder. Frappé de cette rougeur subite et du trouble qu’il venait de faire naître, Jacques s’approcha encore, de plus en plus pressant, redevenant à son insu l’habile séducteur d’autrefois. Mais Marie-Anna rendue à elle-même par cette manœuvre le fit reculer d’un simple geste et lui dit d’une voix doucement grondeuse :

— Soyez donc raisonnable, M. de Villodin ! L’amitié ne vous est-elle pas plus précieuse ? Songez donc où nous conduirait une pareille folie si je cédais ; vous avez des parents loin d’ici, une mère qui vous attend, que vous devez revoir bientôt et consoler de votre longue absence. Nous voyez-vous épris l’un de l’autre avec dix-huit cents milles entre nous ?… Ce n’est pas sérieux !

— Je ne vous quitterais pas, Marie-Anna, si vous m’aimiez.

— Je ne veux pas le croire car c’est une pensée égoïste qui touche péniblement des affections plus solides et plus chères… Vous le voyez, je