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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

la nuit dans cet antre ; ils ne s’endormirent que le lendemain dans le premier convoi qui les recueillit. Cette orgie dura deux semaines. Toutes les chambres de l’hôtel, hormis l’appartement occupé par les deux Français, furent envahies par les ivrognes. Au fur et à mesure qu’un des leurs ne pouvait plus boire ils le hissaient sur leurs épaules et le montaient à l’étage supérieur. Jamais l’Hôtel des Chutes ne justifia mieux son nom car souvent les hommes perdaient l’équilibre dans l’escalier et roulaient les uns sur les autres en hurlant de marche en marche.

Villodin peu friand de ce genre de spectacle traversa rapidement la salle suivi de Gilbert qui songeait à l’ancienne taverne des Truands.

Ils allèrent d’abord chez le propriétaire du logis qu’ils se proposaient de visiter. L’homme leur remit la clef du rez-de-chaussée inhabité. Puis ils se dirigèrent vers la sortie du village dans la direction de la demeure de Marie-Anna.

— C’est ici, dit Gilbert après dix minutes de marche en montrant une maisonnette blanche si proche du fleuve qu’on l’eût crue bâtie sur pilotis. Jacques regardait en face, les fenêtres d’une autre maison où quelques heures plus tôt Marie-