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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Les jours passèrent dans l’énervement sans trêve de l’attente et des incertitudes. Les démarches de la comtesse auprès de son mari ne devaient pas avoir été heureuses car elle demeurait muette mais posait souvent sur son fils des regards pleins de compassion.

Enfin après vingt-deux jours d’attente Jacques reçut un billet de Marie-Anna.

D’une main fébrile, il déchira l’enveloppe et lut :

« Cher Jacques,

J’ai été souffrante. Je regrette de n’avoir pu vous écrire plus tôt mais je vous sais indulgent pour votre amie. Vous me pardonnerez, je l’espère la peine que j’ai pu vous causer et celle que je vous cause encore. Adieu.

M. A. »

Dès les premiers mots il devint blême. Mais quand ses yeux arrivèrent au mot de l’adieu, ce fut comme un coup sourd au cœur ; tous les ressorts de son énergie se brisèrent. Comme un enfant laissé seul dans les ténèbres, il tendit les mains en avant pour chercher un appui ; il lui sembla que le sol se dérobait sous ses pieds l’entraînant dans une descente vertigineuse vers un gouffre au fond duquel son corps allait se broyer.