Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

La tête vacillante, aveuglé de désespoir il vint poser ses mains sur le bord de la table et son regard atone se fixa sur un point quelconque du mur. C’était l’instant aigu d’une crise où le corps devient insensible, où l’esprit fait le dernier effort pour échapper à la folie. Il poussa un effroyable blasphème aussitôt suivi d’un cri de haine, cri d’amour exaspéré :

— Ô démon ! Que t’ai-je fait ? Que t’ai-je fait ?

La respiration lui manquant, il fut durant plusieurs secondes secoué d’un hoquet convulsif. Les deux poings serrés sur sa poitrine pour en comprimer les secousses douloureuses, il sanglota comme un enfant battu sans raison, balbutiant encore à travers ses larmes :

— Ô, Mia-Na ! Que t’ai-je fait ?…

Un profond accablement suivit la crise. Il pleura pendant plus de deux heures ; ses idées se coordonnèrent peu-à-peu. Il souffrit encore mais il prit conscience de sa souffrance. Cloué sur son fauteuil, il murmura d’une voix blanche, d’une voix de malade qui entr’ouvre les lèvres pour se plaindre :

— Comme il ferait bon mourir, à-présent !

Il ferma les yeux, caressant un moment l’idée