Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
218
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

une existence de combats intérieurs, d’accablements de révoltes et que des plaies vives saignaient dans son cœur. Marie-Anna ressemblait à ces convalescents qui ont gardé la chambre durant une longue maladie et qui, en revoyant le soleil, la campagne, les fleurs, les oiseaux, éprouvent un si grand bonheur que leur visage reprend aussitôt les couleurs de la santé et de la bonne vie. Un œil exercé eût remarqué sans peine que les souffrances de Marie-Anna n’étaient pas éteintes ; elles n’étaient qu’apaisées. Rarement il est vrai, mais quelquefois encore, elle éprouvait des retours de tristesse et la pensée de l’aimante jeune fille s’attardait volontairement à des souvenirs douloureux. Mais ces accès duraient peu. Il n’en restait d’autres marques qu’un imperceptible pli d’amertume au coin de la lèvre, une expression de langueur dans les yeux ce qui accentuait encore le caractère charmant de sa beauté en la teintant d’idéalisme et de mélancolie.

Les visites fréquentes qu’elle faisait à l’église étaient autant d’aveux de sa faiblesse. Sa souffrance était de celles devant lesquelles la science se déclare en faillite, l’homme ayant la main