Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

— Je ne suis plus que le souvenir de moi-même ! murmura-t-il en secouant tristement la tête.

Le miroir glissa sur ses genoux et vint se briser à ses pieds. Ses regards se fixèrent sur la porte et ne la quittèrent plus jusqu’au moment où Marie-Anna entra, suivie de sa mère, de William et de Jeannette.

Tout-de-suite, elle fut à-genoux près de lui, ses mains dans les siennes, ses yeux, ses beaux grands yeux pleins de reconnaissances attachés sur ses yeux.

Les témoins de cette scène s’étaient reculés au fond de la pièce pour les laisser une dernière fois l’un à l’autre.

Il parla à son oreille, de sa voix affaiblie, voix grêle d’enfant ou de vieillard :

— Je sais, ma Mia-Na, que tu as prié Dieu pour qu’il me conserve la vie. Chère petite aimée ! Que m’importe de vivre à-présent que j’ai mis dans ton cœur l’immortalité de mon souvenir. Laisse-moi partir, va… ne me retiens pas par tes prières. Tu vivras longtemps encore heureuse quand je ne serai plus là, car mon âme restera près de toi comme un essaim de baisers,