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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

rappeler une fois encore devant ses yeux l’océan de brouillard et les crêtes ensoleillées.

Marie-Anna avait écouté le récit de Jacques avec une sorte d’avidité muette ; elle demeurait sous le charme de sa parole aisée, chaude, prenante. Elle eût voulu qu’il parlât longtemps encore. Cet enthousiasme sincère du jeune homme pour son pays qu’elle aimait, la flattait dans ses sentiments de bonne Canadienne.

— Vous m’avez fait un grand plaisir, monsieur de Villodin ! dit-elle avec une tendre inflexion de reconnaissance dans la voix, en le regardant bien en face, de ses beaux yeux adorables. J’aurais aimé être avec vous sur la montagne, devant ce paysage… ce devait être si beau !

Jacques en pâlit de bonheur ! C’était la première fois qu’elle lui parlait ainsi. Les paroles de Marie-Anna inondèrent son cœur d’une félicité pure comme le premier sourire de la femme aimée. Un flot bouillant d’amour monta de son cœur à ses lèvres et, sans la présence d’Henri Chesnaye qui regardait Marie-Anna avec une fixité singulière, il eût perdu, par un de ces brusques assauts de la passion naissante tout le terrain gagné dans la sympathie de la jeune fille.