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Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/359

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Puis elle raconta l’histoire de Christine et de Mila ; et comment celui-ci se trouva angarié au recrutement ; la seule chose dont elle ne dit mot, ce fut cette poursuite perpétuelle dont Christine était l’objet de la part du directeur des biens, à qui elle ne voulait pas nuire par des révélations inutiles à son dessein.

« C’est cette jeune fille et ce jeune garçon qui ont été en différend avec Piccolo ? »

« Oui, madame la princesse, ce sont les mêmes. »

« Est-elle donc si jolie, que les hommes se la disputent à ce point ? »

« Oui, madame la princesse, elle est jolie comme une fraise ; à la fête des moissonneurs elle présentera la couronne à madame la princesse qui aura là occaision de la voir. Il va sans dire que le chagrin n’ajoute pas à la beauté. Quand un chagrin d’amour tourmente la fille, elle penche la tête comme une fleur languissante. Christine n’est plus que l’ombre d’elle même ; mais il suffirait d’un seul petit mot pour ranimer son ancienne fraîcheur. Mademoiselle est aussi très pâle ; si Dieu permet qu’elle revoie son pays natal et ce qui est cher à son cœur, il faut espérer que ses joues redeviendront fraîches et vermeilles comme des feuilles de rose. Et en prononçant ces mots : « ce qui est cher à son cœur, » grand’mère y avait mis une telle énergie d’expression que la jeune comtesse en fût dans l’embarras, et d’autant, que la princesse jeta un regard rapide d’abord sur la jeune fille, puis sur grand’mère. Mais celle-ci qui ne voulait plus rien laisser voir, avait atteint tout son but, c’était