Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/219

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUÈ, LIV. III. 135 rait constamment sur tous les points de la terre : de même que le feu, partout et toujours, conserve sa chaleur. Mais, comme cette vertu ne leur est pas propre, et qu’elles ne la tiennent que de l’opinion erronée des hommes, elles s’évanouissent aussitôt qulelles se montrent à des gens qui ne les considèrent pas comme des honneurs. Voilà pour les peuples étrangers ; mais chez les nations même ou on les a vues s’établir, est-ce qu’elles durent toujours ? La préture, magistrature autrefois si puissante, nlest plus aujourd’hui qu’un vain noms, et un fardeau ruincux pour qui a le cens de sénateur. Celui qui pourvoyait à l’approvisionnement du peuple, fut longtemps regardé comme un personnage considérahlel ; qu°y a-t-il aujourd’hui de plus abject que cette charge ?(i’est que, comme je l’ai déjà dit, ce qui n’a par soi-même aucun éclat, tantôt brille et tantôt s’éclipse au gré de l’opinion. Donc, si les dignités ne donnent pas la considération, si plutôt elles se salissent au contact des méchants, si les révolutions des temps peuvent leur ôter leur splendeur, et l’opinion des peuples leur prix, comment croire qu’elles possèdent par elles-mêmes quelque beauté qui vaille un désir, et, à plus forte raison, qu’elles puissent en communiquer aux hommes ?

VIH

Fier d’étaler aux yeux un luxe éblouissant, Sous la pourpre Néron se croyait plus qulun homme ; Mais le monde indigne le haïssait, et Rome « Payait ce luxe de son sang.