Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/263

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. III. 179 l’unité, il cesse d’être ce qu’il était. On pourrait ainsi passer en revue toute la création et se convaincre que chaque être conserve l’existence tant qu’il est un, et que dès qu’il cesse d’être un, il périt. - Si je regarde, dis-je, la plupart des êtres, je suis tout à fait de ton avis.-En connais-tu un seul, poursuivit-elle, qui, pour peu qu’il obéisse aux lois de sa nature, néglige le soin de sa conservation, et souhaite sa destruction et sa mort ?— Si je considère les animaux qui possèdent, dans une certaine mesure, la faculté de vouloir et de ne pas vouloir, je 11,611 trouve aucun qui, sans y être contraint d’ailleurs, renonce à l’instinct qui l’attache à la vie, et coure de lui-même à sa destruction. Car tous les animaux veillent soigneusement à leur conservation, fuient la mort et tout ce qui peut leur nuire. Mais que puis-je t’accorder à l’égard des plantes, des arbres et des corps complètement inanimés ?je n’en sais trop rien. — Tu ne peux avoir cependant aucun doute à ce sujet, lorsque tu vois les petits végétaux et les arbres naître dans les lieux qui leur conviennent, et ou, autant que leur nature le comporte, ils sont le moins exposés à se dessécher et à mourir. Les uns, en effet, croissent dans les plaines, d’autres sur les montagnes, ceux-ci dans les marais ; ceux-là s’attachent aux rochers ; d’autres enfin prospèrent dans les sables arides ; tous, silla main de l’homme les dépaysait, se flétriraient. Mais la nature donne à chacun ce qui lui convient et veille à ce qu’il puisse vivre jusquiau terme prescrit. Niadmires-tu pas que tous se servent de leurs racines comme dlautant de bouches enfoncées dans la terre, pour pomper leurs aliments, et à travers la moelle transforment leur sève en bois et en écorce ? N’admires-tu pas que les parties les plus tendres, comme la moelle, soient toujours cachées au centre de la tige, et recouvertes d’une solide enveloppe ligneuse, défendue elle-même contre les intempéries du