Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/265

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. III. 181 ciel par une écorce qui semble être placée là pour supporter tout accident ? Quel soin, d’ailleurs, ne prend pas la nature de multiplier les graines pour propager les espècesl Ne sait-on pas que les plantes sont comme des machines organisées, non-seulement pour durer pendant un laps de temps déterminé, mais pour durer sans fin en se reproduisant ? Et toutes les choses que l’on croit dépourvues de sentiment ne recherchent-elles pas de la même manière ce qui leur est propre ? Pourquoi la flamme monte-t-elle verticalement, emportée par sa lé· gèreté ? pourquoi la terre, entraînée par son poids, gra- · vite-t-elle en sens contraire, sinon ·parce que ces directions et ces mouvements conviennent à leur nature ? Et clest tout simple : tout ce qui convient à un objet le conserve ; tout ce qui lui est antipathique, le détruit. Les corps durs, comme les pierres, sont composés de molécules fortement adhérentes, résistantes, et difficiles à désunir. Les liquides, comme l’air et Veau, se divisent, à la vérité, sans effort, mais les parties qu’on a séparées ne tardent pas à se rejoindre. Pour ce qui est du feu, il est absolument indivisible. Et je ne parle pas ici des mouvements volontaires d’une âme ayant conscience de ce qu’elle fait, je parle seulement des opérations naturelles, comme celle qui produit la digestion des aliments sans que nous y songions, ou la respiration pendant le sommeil, sans que nous en ayons connaissance. Car chez les animaux eux-mêmes, rattachement à la vie ne procède pas du principe volontaire de liâme, mais bien diun instinct purement naturel. Souvent, en effet, la Volonté, obéissant à des motifs impérieux, embrasse la mort, bien que la mort répugneà la nature ; et, au contraire, l’œuvre qui seule peut assurer la perpétuité des espèces sujettes à la mort, l’oeuvre de la génération, cet appétit constant de la nature, rencont1·c quelquefois un frein dans la volonté. Tant il est vrai que l’amour de soi provient, non