Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/307

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. IV. 223 hommes ont en vue dans leurs actions. Le bien même est donc comme la récompense commune proposée à leur activité. Mais le bien ne peut être enlevé aux bons. En effet, on ne pourrait plus appeler bon celui qui ne serait plus en possession du bien, et c’est pourquoi la récompense n’abandonne jamais la vertu. Donc, à quelques fureurs que se laissent emporter les méchants, la couronne du sage ne saurait ni tomber de son front, ni se flétrir. En effet, la gloire qui décore les gens de bien et-qui leur appartient en p1·opre, ne peut leur être ravie par la méchanceté diautrui. S’ils avaient reçu cet heureux présent diune main étrangère, il pourrait leur être enlevé, ou par le premier venu, ou par celui-là même qui l’aurait donné ; mais comme ceux qui le possèdent ne le doivent qu°à leur propre vertu, ils ne peuvent le perdre qui en cessant d’être vertueux. Enfin, comme toute récompense niest désirée que par la raison qu’on la regarde comme un bien, un homme en possession du bien peut-il être considéré comme privé de récompense ? Et de quelle récompense s’agit-il ? De la plus belle, de la première de toutes. Ptappelle-toi en effet ce corollaire dont précédemment je tlai fait voir l’imporIance, et fais-toi ce raisonnement : « Le bien étant la même chose que le bonheur, il est clair que tous les gens de bien, par cela même qu’ils sont tels, sont heureux. Mais ceux qui sont heureux sont dieux par cela même. Donc, la récompense des honnêtes gens, récompense que le temps n’altérera jamais, que personne n’ale pouvoirdiamoindrir, que le vice ne pourra jamais ternir, consiste à être changés en dieux. Cela étant, le sage ne peut douter non plus du châtiment inévitable infligé aux méchants. Car le châtimentétant l’opposé de la récompense comme le mal est l’opposé du bien, il est nécessaire qu’à la récompense du bien corresponde, comme contre-partie, le châtiment du mal. Donc, si les