Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/389

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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. V. 305 contenue dans la forme, et cela de la même manière qu’clle distingue l’absolu, auquel les autres facultés n’avaient pu atteindre. Comme la raison, en effet, elle connaît les idées générales ; comme l’imagination, la fornje abstraite ; comme les sens, la matière ; et néanmoins elle 11emprunte le secours ni de la raison, ni de l’imagination, ni des sens ; mais, si je puis m’exprimer ainsi, elle saisit tout d’une manière absolue pa1· un seul regard de l’esprit. De même, la raison, lorsqu’elle conçoit une idée générale, n’a besoin ni de l’imagination ni de la sensation pour comprendre les faits qui sont du ressort de ces deux facultés. (Yest elle qui, conformément à l’idée qu’elle se fait du genre, a donné cette définition : « L, llOlIlITl€ est u un animal à deux pieds raisonnable. » Or, cette idée, précisément parce qu’elle est générale, renferme, comme personne ne llignore, des notions qui sont du ressort de l’imagination et des sens ; et cependant ce n’est ni par les sens ni par Vimagination que la raison les a acquises, mais par une conception qui lui est propre. En[in l’imagination, bien que, dans le principe, elle ait appris des sens à voir et à se représenter des formes, peut, au défaut des sens, passer en revue tous les objets sensibles, et cela, non par les moyens à l’usage des sens, mais par ceux qui lui appartiennent en propre. Vois-tu maintenant comment toutes les connaissances des hommes, dépendent de leurs facultés, et non pas de la nature même des choses ? Et ce n’est pas sans raison. Car tout jugement étant un acte de celui qui le prononce, il faut bien que chacun agisse en vertu de ses propres facultés, et non par li influence d’une cause étrangère. 20