Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/477

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NOTES DU LIVRE V. 393

part le phénomène de la sensation, oci’s6·q¤·t ;. D’après ce système, la sensation produit dans l’âme une image, cpévtacpz, qui est la copie exacte de son objet extérieur. La pensée, il est vrai, existe indépendamment de la sensibilité, mais elle ne peut s’exercer qu’à l’occasion d’une image sensible, et sous l’impression que la sensation lui fait éprouver. On voit quelle différence radicale sépare ce système de celui de Platon. Platon, il est vrai, ne va pas jusqu’à nier l’effet de la sensation, mais il le limite à la production des idées sensibles, et il place ailleurs la source des idées générales qui, selon lui, n’ont besoin, pour se manifester, que de l’action libre et spontanée des facultés de l’àme. Pourtant, ce ne sont pas ces facultés qui les produisent. Ces notions ne 5011t, à proprement parler, que des copies. Leurs types préexistent et font partie de l’essence de la divinité même. L’exposition de cette théorie, qui est une des plus belles conceptions de l’esprit humain, demanderait des développements que ne comporte pas une simple note ; on 11, €11 dit quelques mots ici que pour faciliter l’intelligence d’un passage où à la difficulté du fond vient se joindre la difücultc de la forme. Norm 15. PAGE 313.

ou les prétentions de la raison sont fondées, et, dans ce cas, la matière n’existe pas ; ou bien, si elle reconnaît que la plupart de ses notions dépendent des sens et de l’imagination....

Boece critique ici l’exagération des systèmes entre lesquels se partageaient les écoles de la Grèce. Platon et Aristote avaient admis, dans des proportions inégales, il est vrai, les deux éléments principaux de 110s connaissances ; mais leurs disciples se rejetèrent dans les doctrines exclusives que ces deux grands génies avaient entrepris de concilier. Ainsi, tandis que Speusippe, Xénocrate, Polémon, (lrantor, poursuivaient jusque dans ses dernières conséquences lil(léZlllSIllC de Platon, et en venaic11t à nier Fexistenee de la matière, Théophraste, Dieéarque, l-I(·raclide, Strabou, Critolaiis, Diodore de Tyr, ne s’attachaient qu’a l’élénient sensualiste de la psychologie d’1\1·istote, ne tenaient compte que du monde extérieur, et arrivaient à annihiler llàme. Choqué de ces conclusions excessives, Boeee s’efforce de rallier les esprits à la théorie mixte -de Platon ; mais, si louable que soit uneitelle entreprise, on ne peut en esperer le succès complet tant que les vérités psychologiques 116 se prouveront pas par la méthode empirique, et avec l’évidence brutale (lûllt se glorihent, à tort ou à raison, les sciences dites naturelles.