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SATIRE XI.

1698[1].

À VALINCOUR[2].

SUR L’HONNEUR.


ChOui, l’honneur, Valincour, est chéri dans le monde :
Chacun, pour l’exalter, en paroles abonde ;
À s’en voir revêtu chacun met son bonheur ;
Et tout crie ici-bas : L’honneur ! Vive l’honneur !
EtEntendons discourir sur les bancs des galères,
Ce forçat abhorré même de ses confrères ;
Il plaint, par un arrêt injustement donné,
L’honneur en sa personne à ramer condamné :
En un mot, parcourons et la mer et la terre ;
Interrogeons marchands, financiers, gens de guerre,

  1. Cette satire fut composée à l’occasion d’un procès soutenu par Boileau et ses parents contre une compagnie de financiers qui leur contestait leurs titres de noblesse.
  2. Jean-Baptiste-Henri de Trousset de Valincour fut secrétaire du comte de Toulouse, devint historiographe du roi, et fut très-lié avec Racine et Boileau. Il avait la réputation d’un homme de goût. On a de lui des lettres sur la princesse de Clèves, une Vie du duc de Guise et quelques traductions d’Horace.